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Significations et usages de crue

crue

  • féminin singulier de cru
  • participe passé féminin singulier du verbe croire
  • participe passé féminin singulier du verbe croître

Définition

croire (v. trans.)

1.avoir à l'esprit ou exprimer une certaine opinion, tenir pour, considérer comme.

2.tenir pour vrai, accepter, prendre pour vrai (une proposition, un état)
"J'ai cru son rapport" "Nous n'avons pas cru ses histoires de la guerre" "Elle croit aux esprits"

3.donner crédit de véracité (à qqn) "Vous ne pouvez pas croire cet homme" "Devrions-nous croire une publication comme le National Enquirer ?"

4.avoir confiance en (qqn) ; faire confiance à la vérité ou à la véracité de (qqch)

5.(transitif indirect : à)espérer, croire ou supposer "J'imagine qu'elle a gagné beaucoup d'argent avec son nouveau roman" "Je pensais la trouver dans un mauvais état" "je ne pensais pas la trouver dans la cuisine" "Je suppose qu'elle est en colère contre moi de lui avoir posé un lapin"

croire (v. pron.)

1.(familier)s'y croire : avoir et montrer une haute opinion de soi.

croire (v. intr.)

1.avoir la foi religieuse.

cru (adj.)

1.qui n'a pas été préparé (matière première).

2.qui n'est pas cuit.

cru (n.m.)

1.vignoble.

2.violent.

croître (v. trans.)

1.augmenter grandement et favorablement.

croître (v. intr.)

1.grandir, se développer (organismes).

2.se développer, progresser (choses).

croître (v.)

1.devenir plus grand, plus important.

crue (n.f.)

1.élévation du niveau d'un cours d'eau. Niveau maximum.

2.(didactique)croissance.

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Définition (complément)

⇨ voir la définition de crue dans le Littré

⇨ voir la définition de Wikipedia

Dictionnaire collaboratif

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Synonymes

croire (v. trans.)

estimer, imaginer, juger, penser, soupçonner, tenir pour, voir comme, accraire  (Canada Franco), accroire  (dans certaines expressions), avoir pour opinion  (V+que+Gindic), postuler  (V+comp), présumer  (V+comp), réputer  (V+comp), tenir  (V+pour+comp), trouver  (V+que + GCond, V+que+Gindic)

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Voir aussi

cru (adj.)

crudité, crûment, vertement cuit

crue (n.f.)

décrue

Locutions

Dictionnaire analogique

croire (v. intr.) [V • V+en+comp]

croire[Hyper.]


croire (v. intr.) [religion] [V]

croire[Hyper.]

croyant, fidèle[Dérivé]


croire (v. intr. défect.)


croire (v. pron.) [familier] [s'en V • s'y V]


croire (v. pron.) [se+V+comp]



croire (v. tr.) [En+V+comp]


croire (v. tr.) [V+comp • V+que+Gindic]



croire (v. tr.)

croire[Hyper.]

crédible, croyable[Dérivé]


croire (v. tr.) [transitif indirect : à]


croire (v. tr.) [transitif indirect : à]



cru (adj.)

aliment de l'homme[termes liés]

ne pas cuire un aliment[termes liés]

cru[Similaire]


cru (adj.)

obscène[Classe]



cru (adj.)

cuit[Ant.]


cru (n. m.)


cru (n. m.)


croître (v. intr.) [Aux:E|A • V]


croître (v. intr.) [Aux:E|A • V]



croître (v. tr.) [Aux:E|A • V+comp]



croître (verbe)


crue (n. f.)


Le Littré (1880)

CROIRE (v. a.)[kroi-r' ; en 1703, la prononciation indiquée est crere, sur le théâtre on disait je croa et non pas je cres ; plusieurs prononcent crere, dit Chifflet, Gramm. p. 201 ; je crais, dit Vaugelas ; la prononciation longtemps incertaine, comme on voit, est maintenant fixée]

1. V. a. Être persuadé qu'une chose est vraie, est réelle.

Un Turc, un hérétique qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou (MOL. D. Juan, I, 1)

Mais encore faut-il croire quelque chose dans le monde ; qu'est-ce que vous croyez ? (MOL. ib. III, 1)

La promptitude à croire le mal sans l'avoir assez examiné est un effet de l'orgueil et de la paresse (LAROCHEF. Max. 267)

Incrédules les plus crédules, ils croient les miracles de Vespasien pour ne pas croire ceux de Moïse (PASC. Pens. Part. II, art. 17)

Vous ne pouviez plus mal choisir que d'accuser le Port-Royal de ne pas croire l'Eucharistie (PASC. Prov. 16)

Il ne croit donc pas le sacrifice de la messe (PASC. ib.)

Le pape entreprend donc sur nos libertés dans cette bulle où il veut nous obliger de croire ses décisions (PASC. ib. 19)

Quand les pères ont condamné Eutychès, parce qu'il ne croyait qu'une nature en Jésus-Christ, a-t-il dit que non et qu'il en croyait deux ? (PASC. Lett. de Nicole au P. Annat.)

En montrant la vérité, on la fait croire (PASC. dans COUSIN)

C'est un aveuglement de vivre mal en croyant Dieu (PASC. ib.)

Que dirai-je de ceux qui croyaient la transmigration des âmes ? (BOSSUET Hist. II, 6)

Tels sont les prodiges qu'il faut croire quand on ne veut pas croire les miracles du Tout-puissant ? (BOSSUET ib. II, 13)

Au troisième jour il ressuscite, il paraît aux siens qui l'avaient abandonné et qui s'obstinaient à ne pas croire sa résurrection (BOSSUET ib. II, 6)

Ces hommes délicats qui ne croient pas la vérité de Jésus-Christ et de la parole (FLÉCH. Serm. I, 69)

Les uns croient la Providence, les autres la nient (FÉN. Pyrrh.)

Ce qu'il croyait il le voyait, au lieu que les autres croient ce qu'ils voient (FONTEN. Carré.)

Le gouverneur ne savait que croire des dieux, il était obsédé d'Épicuriens (FONTEN. Oracles, ch. 14)

Il a recours au Dieu de ses pères ; il redoute ses jugements qu'il faisait semblant de ne pas croire (MASS. Car. Doutes sur la relig.)

Nous nous laissons mollement entraîner au cours fatal que nous emporte sur le préjugé général que nous ne croyons rien (MASS. ib.)

Vous tremblez sur un avenir que vous vous étiez vanté de ne pas croire (MASS. ib. Vérit. de la relig.)

Ceux de Formose croient une espèce d'enfer (MONTESQ. Espr. XXIV, 11)

Ces auteurs, me repartit-il, n'ont pas cherché dans l'Écriture ce qu'il faut croire, mais ce qu'ils croient eux-mêmes (MONTESQ. Lett. pers. 134)

Si quelque chose justifie ceux qui croient une fatalité à laquelle rien ne peut se soustraire.... (VOLT. Louis XIV, 25)

Vous croyez tous les maux que votre âme redoute (VOLT. Mérope, I, 2)

Si ces philosophes croient l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme (J. J. ROUSS. Hél. III, 18)

Croire une chose comme l'Évangile, comme un article de foi, la croire fermement.

Croire tout comme article de foi, être extrêmement crédule.

Familièrement. J'aime mieux le croire que d'y aller voir, se dit de choses qu'on dédaigne de vérifier, ou qu'on n'a pas le temps ou le moyen de vérifier.

Si vous ne le croyez pas, allez-y voir, se dit à une personne qui doute.

Terme de pratique. Croire un titre, le recevoir pour preuve.

Faire croire une chose, la persuader. Nous serions coupables de faire croire une fausseté.

Je fis croire et je crus ma victoire certaine (RAC. Andr. I, 1)

Se faire croire, obtenir créance. Ce voyageur raconte de telles choses, qu'il a beaucoup de peine à se faire croire.

Ô bienheureux soupirs, favorables moments, Où l'un et l'autre coeur, plein de doux sentiments, Aime et le dit et se fait croire ! (LA FONT. Daphné, III, 4)

Se faire croire une chose, se la persuader à soi-même.

L'homme est ainsi fait qu'à force de lui dire qu'il est un sot, il le croit ; et, à force de se le dire à soi-même, on se le fait croire (PASC. Pensées, art. XXIV, 38, éd. Lahure, 1860)

2. Ajouter foi à, obéir à, suivre l'avis. Croyez-vous cet homme-là ? Il ne croit pas les médecins. Je vous crois. Croyez-moi, ne faites point cela.

Il croit cette âme basse et se montre sans foi ; Mais, s'il croyait la sienne, il agirait en roi (CORN. Pomp. II, 1)

Ah ! ah ! qui des deux croire ? Ce discours au premier est fort contradictoire (MOL. l'Étour. I, 4)

Les sages le prévirent ; mais les sages sont-ils crus en ces temps d'emportement, et ne se rit-on pas de leurs prophéties ? (BOSSUET Reine d'Anglet.)

Un honnête homme qui dit oui et non mérite d'être cru ; son caractère jure pour lui, donne créance à ses paroles et lui attire toute sorte de confiance (LA BRUY. V)

Non, ou vous me croirez, ou bien de ce malheur Ma mort m'épargnera la vue et la douleur (RAC. Brit. IV, 3)

Oui, monsieur, je vous crois, comme mon propre père (RAC. Plaid. I, 7)

Qui l'aurait crue [la maréchale de Clérambault], on eût fait son repas sans quitter les cartes (SAINT-SIMON 104, 116)

Souffle sur ton amour, ami, si tu me crois (A. CHÉN. 159)

Par extension.

J'ai failli, je l'avoue, et mon coeur imprudent A trop cru les transports d'un désir trop ardent (CORN. Nic. II, 2)

Et croire la pitié qui me pourrait surprendre (ROTROU Bélis. IV, 8)

Et de mille remords son esprit combattu Croit tantôt son amour et tantôt sa vertu (RAC. Andr. V, 2)

S. m. Le croire, l'action d'ajouter foi.

Jamais on ne toucha mieux le naturel de la croyance en matières de choses humaines que quand on a dit que le croire est une courtoisie ; car, comme c'est une courtoisie de croire à un homme d'honneur, aussi est-ce une incivilité bien rustique de démentir de braves et fidèles écrivains (GARASSE Rech. des recherches, p. 806, dans LACURNE)

3. En croire, locution dans laquelle en, signifiant proprement sur cela, est devenu explétif.

Ne vous alarmez pas, elle ne m'en croit pas (CORN. Perthar. I, 4)

Je n'en serai point cru à mon serment, et l'on dira que je rêve (MOL. Georg. Dand. II, 8)

Les enfants n'en veulent plus croire leurs grands-pères (BOSSUET Hist. II, 2)

De cette sorte, saint Jean-Baptiste, qu'on jugea digne d'être le Christ, n'en fut pas cru quand il montra le Christ véritable (BOSSUET ib. II, 10)

On aimera mieux qu'un faussaire soit prophète qu'Isaïe, ou que Jérémie, ou que Daniel ; ou bien chaque siècle aura porté un faussaire heureux que tout le peuple en aura cru (BOSSUET ib. II, 13)

M'en croirez-vous ? Lassé de ses trompeurs attraits, Au lieu de l'enlever, fuyez-la pour jamais (RAC. Andr. III, 1)

Ah ! fallait-il en croire une amante insensée ? Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ? (RAC. ib. V, 3)

Quelle faiblesse à moi d'en croire un furieux ? (RAC. Mithr. III, 4)

Je m'en fie à Burrhus ; j'en crois même son maître (RAC. Brit V, 1)

Là, si vous m'en croyez, d'un amour éternel Nous irons confirmer le serment solennel (RAC. Phèd V, 1)

Ah ! si vous m'en croyez, ne m'interrogez pas (VOLT. Oedipe, III, 4)

J'obéis sans rien craindre et j'en crois les oracles (VOLT. Sémiram. V, 4)

À l'en croire, s'il faut l'en croire, locutions qui expriment le doute. à l'en croire, tout est perdu.

Par extension.

En croirez-vous cette lettre ? S'il en croit votre ardeur, je suis sûr du trépas ; Mais peut-être, madame, il ne l'en croira pas (CORN. Sertor. V, 4)

Et vous n'en croirez pas toute cette colère (CORN. Toison, IV, 3)

En crois-tu mes soupirs ? en croiras-tu mes larmes ? (CORN. Héracl. V, 3)

J'en ai cru le hasard (ROTROU Bélis. II, 10)

Si j'en crois leurs alarmes (RAC. Andr. I, 4)

Que n'en croyais-je alors ma tendresse alarmée ? (RAC. Iphig. I, 1)

Que si j'en crois ma gloire, il y faut renoncer (RAC. ib. II, 7)

En croirez-vous toujours un farouche scrupule ? (RAC. Phèd. I, 1)

Je connais mal peut-être une loi si nouvelle, Mais j'en crois ma vertu qui parle aussi haut qu'elle (VOLT. Alz. III 5)

Et j'en croyais trop tôt un déplaisir mortel (VOLT. Zaïre, IV, 7)

Ciel ! que vois-je ! en croirai-je ma vue ? (VOLT. Triumv. II, 4)

N'en croyez pas, madame, un orgueil téméraire (VOLT. Mérope, I, 3)

En faire croire, dire des mensonges, tromper la crédulité.

À qui vous veut ouïr, vous en faites bien croire (CORN. Ment. I, 6)

Il en ferait bien croire à des esprits mal faits (QUINAULT la Comédie sans comédie, II, 5)

4. Penser, présumer, s'imaginer. Que va-t-on croire de moi ? Vous ne sauriez croire combien cela me contrarie. Il a cru bien faire.

Je vous pardonne d'avoir cru sur la foi du P. Bauny qu'Aristote ait été de ce sentiment (PASC. Prov. 4)

Si on leur fait entendre que vous croyez pouvoir faire votre salut en calomniant vos ennemis (PASC. Prov. 15)

Je ne crois pas que j'en pusse sortir, si on y recevait de vos nouvelles (SÉV. 164)

Mais c'est un jeune fou qui se croit tout permis Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis (BOILEAU Sat. IX.)

Un homme ne veut point croire qu'il soit orgueilleux, ni lâche, ni paresseux, il veut croire qu'il a raison (BOSSUET Connais. I, 16)

Elle croyait servir l'État, elle croyait assurer au roi des serviteurs en conservant à Dieu des fidèles (BOSSUET Reine d'Anglet.)

Assiége-t-il quelque place, il invente tous les jours de nouveaux moyens d'en avancer la conquête ; on croit qu'il expose les troupes ; il les ménage en abrégeant le temps des périls par la vigueur des attaques (BOSSUET Louis de Bourbon.)

Augustin crut que la pénitence n'avait rien qui déshonorât le sacerdoce (FLÉCH. Panég. I, p. 260)

Vous croyez qu'un amant vienne vous insulter ? Il vous rapporte un coeur qu'il n'a pu vous ôter (RAC. Andr. II, 1)

Mais cependant, seigneur, que faut-il que je croie D'un bruit qui me surprend et me comble de joie ? (RAC. Iphig. I, 2)

Que croira-t-on de vous, à voir ce que vous faites ? (RAC. Andr. III, 1)

Les grands ne comptent le reste des hommes pour rien et ne croient être nés que pour eux-mêmes (MASS. Pet. carême, Obstacl.)

Jésus-Christ souffre à notre place et les grands croient que tout doit souffrir pour eux (MASS. ib.)

À voir le climat affreux de la Moscovie, on ne croirait jamais que ce fût une peine d'en être exilé (MONTESQ. Lett. pers. 50)

Il en est de l'esprit et du goût comme de la philosophie ; rien n'est plus rare que d'en avoir, plus impossible que d'en acquérir, et plus commun que de s'en croire beaucoup (D'ALEMB. Essai sur la société des gens de lettres, Oeuvres, t. III, p. 44, dans POUGENS.)

4. Trop croire de, avoir une trop haute opinion de.

Rome a trop cru de moi (CORN. Hor. II, 1)

Et j'y pouvais un jour, sans trop croire de moi, Prétendre, en les servant, un honorable emploi (MOL. l'Étour. V, 3)

Je crois, à ce que je crois, employés comme incise, c'est-à-dire d'après mon opinion, selon mon sentiment Vous ferez bien, je crois, de ne plus fréquenter cet homme-là. Il avait, à ce que je crois, étudié la question la matinée.

Je crois bien, signifie en certaines circonstances déterminées par le contexte : cela n'est pas étonnant.

Il n'aime plus cette personne, je crois bien, elle n'est plus la même (PASC. P. div. 38)

Regarder comme. On le crut fou.

Il ne faut presque rien pour être cru fier, incivil, méprisant, désobligeant ; il faut encore moins pour être estimé tout le contraire (LA BRUY. V)

Croire quelque chose à quelqu'un, croire qu'il possède cette chose. Je lui crois beaucoup d'habileté Je croyais à cet homme plus de droiture qu'il n'en a.

5. S'en rapporter à, compter sur.

Je croirais ses conseils et je verrais Pyrrhus (RAC. Andr. III, 5)

J'ai prononcé sa grâce et je crois sa promesse (RAC. Baj. III, 5)

Je fus sourde à la brigue et crus la renommée (RAC. Brit. IV, 2)

Un malheureux sans nom, si l'on croit l'apparence (VOLT. Mérope, II, 1)

6. V. n. Ajouter foi.

Je crois sur sa parole, et lui dois tout crédit (CORN. Sertor. II, 4)

Juste retour, monsieur, des choses d'ici-bas ; Vous ne vouliez pas croire, et l'on ne vous croit pas (MOL. Tart. V, 3)

Être porté à se soumettre aux autorités supérieures, célestes.

L'esprit croit naturellement, et la volonté aime naturellement, de sorte que, faute de vrais objets, il faut qu'ils s'attachent aux faux (PASC. Pensées, part. I, art. 10)

Qu'il croie par raison ou par erreur (BOSSUET Hist. II, 13)

Du monde des humains inexplicable histoire ! Partout c'est le besoin d'adorer et de croire (DELILLE Imagin. VIII)

7. Avoir la foi. à la première prédication des apôtres, beaucoup crurent.

Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée (CORN. Poly. V, 5)

Il y a trois moyens de croire : la raison, la coutume, l'inspiration (PASC. Pensées, art. XXIV, 43, éd. Lahure, 1860)

Le miracle qu'elle attendait est arrivé ; elle croit, elle qui jugeait la foi impossible (BOSSUET Anne de Gonz.)

8. Croire à, avoir confiance en, ajouter foi à.

Il [Attila] croyait fort aux devins, et c'était peut-être tout ce qu'il croyait (CORN. Attila, Préf.)

Quoi ! vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique ? - Et pourquoi veux-tu que j'y croie ? (MOL. le Fest. III, 1)

Allez, ne croyez point à monsieur votre père (MOL. Tart. II, 2)

Direz-vous qu'ils la reçoivent [cette constitution] extérieurement, mais que dans leur âme ils n'y croient pas ? (PASC. Lett. de Nic. au P. Annat.)

Ô ciel ! qu'on doit peu croire Aux dehors imposants des humaines vertus ! (GRESSET Édouard III, II, 6)

9. Croire à, être persuadé de l'existence de, de la vérité de. Il proteste de son innocence ; mais je n'y crois pas.

Comment n'eussent-ils pas cru aux oracles ? ils croyaient bien aux songes (FONTEN. Oracl. I, 8)

Le mot célèbre de Fontenelle à un prince qui lui disait qu'il croyait peu à la vertu : monseigneur, il y a d'honnêtes gens, mais ils ne viennent pas vous chercher (CONDORCET Maurepas.)

Ainsi de nouvelles erreurs entretiennent dans des erreurs anciennes ; et on croit à toutes avec d'autant plus de confiance, qu'on croit à un plus grand nombre (CONDILLAC Hist. anc. III, 3)

Je crois à la victoire et non pas à la paix (LUCE DE LANCIVAL Hector, V, 4)

Je ne crois plus aux Dieux, je crois aux fils ingrats (C. DELAV. Paria, III, 4)

Il est dit : croyez à l'Église ; mais il n'est pas dit : croyez aux miracles, à cause que le dernier est naturel et non pas le premier ; l'un avait besoin de précepte, non pas l'autre (PASC. Pensées, art. XXXIII, 8, éd. Lahure, 1860)

10. Croire en, être persuadé de l'existence de. Croire en Dieu.

Attend pour croire en Dieu que la fièvre le presse (BOILEAU Sat.I)

Croire en soi, avoir une idée exagérée de son mérite.

11. Se croire, v. réfl. Avoir certaine opinion de soi. Cet homme se croit habile.

Pour être plus qu'un roi, tu te crois quelque chose (CORN. Cinna, III, 4)

Il n'y a que deux sortes d'hommes : les uns justes qui se croient pécheurs, les autres pécheurs qui se croient justes (PASC. Pensées, art. XXV, 72, éd. Lahure, 1860)

Penser quelque chose au sujet de soi. Il se croyait au moment de réussir.

Je me croirais haï d'être aimé faiblement (VOLT. Zaïre, I, 2)

Avoir confiance en soi.

Tout est illustre en eux quand ils daignent se croire (CORN. Pomp. II, 1)

Écoutez tout le monde, croyez peu de gens, gardez-vous bien de vous croire trop vous-même (FÉN. Tél. XXIV)

Être cru. Ce qui se dit souvent finit par se croire.

S'en croire, obéir au sentiment qu'on a.

Mais, si je m'en croyais, je ne le verrais pas (RAC. Andr. II, 1)

S'en croire beaucoup, s'en croire beaucoup trop, avoir en ses forces ou son mérite une confiance exagérée.

Croyez cela et buvez de l'eau, c'est-à-dire buvez de l'eau pour mieux digérer de pareils contes.

REMARQUE

1. Croire, suivi de que, dans une phrase affirmative, veut l'indicatif : Je crois que cela est.Mais autrefois il n'en était pas ainsi ; et le sens dubitatif qui est naturellement attaché à croire faisait qu'on mettait volontiers le subjonctif : La plus belle des deux je crois que ce soit l'autre (CORN. le Ment. I, 4)Je croyais bien qu'on fût damné pour n'avoir pas de bonnes pensées, mais.... (PASC. Prov. 4)Vous croyez donc qu'il faille avoir Beaucoup de peine à Rome en fait que d'aventures ? (LA FONT. Cand.)Elle croyait que le petit Noirmoutier dût être aveugle (SÉV. 6)Je croyais que tout fût perdu (SÉV. 114)Je croyais que vous n'eussiez point fait réponse au cardinal (SÉV. 128)Il croyait que ce dût être le 15e de ce mois (SÉV. 324)Malgré ce rejet actuel du subjonctif, on l'admettra sans peine dans une phrase telle que celle-ci : Nous nous demandons sans cesse ce qu'on croit que nous soyons (MASS. Myst. Incarn.)

2. Croire suivi de que, dans une phrase négative ou interrogative, veut le subjonctif : Je ne crois pas qu'il vienne. Croyez-vous qu'il le fasse ? Avez-vous cru qu'il partît si tôt ? Je ne croyais pas qu'il payât. Croyez-vous encore qu'il ait de l'habileté, après toutes les sottises qu'il a faites ?

3. Croire, dans une phrase interrogative, suivi de que, peut être suivi du futur de l'indicatif ou du conditionnel : Croyez-vous qu'il payera ses dettes ? Aviez-vous cru qu'il payerait ses dettes ? Les grammairiens se sont efforcés d'établir une différence de sens entre ces constructions et celles où l'on met le subjonctif ; croyez-vous qu'il paye ? aviez-vous cru qu'il payât ? mais toutes les différences paraissent arbitraires.

4.Croire se construit avec un verbe à l'infinitif sans préposition intermédiaire ; on n'imitera donc pas les exemples suivants : Ils [les évêques de Beauvais et Beaufort] crurent d'en venir facilement à bout (LAROCHEF. Mém. 9)Mais enfin croyez-vous de vivre toujours ? (J. J. ROUSS. Ém. V)

5. On a dit en croire à :Vous n'en avez cru ni à ma parole ni à l'expérience (BOSSUET cité dans le Dict. de BESCHERELLE)Il est mort ; cependant si j'en crois à mes yeux.... (CRÉB. Électre, IV, 1)Cet homme, car déjà j'en crois à ma fureur (BERNIS Religion, I, 233) Cette locution n'est pas incorrecte en soi, puisqu'on dit activement en croire ; mais elle est peu usitée.

SYNONYME

1. CROIRE QUELQUE CHOSE, CROIRE à QUELQUE CHOSE ; CROIRE QUELQU'UN, CROIRE à QUELQU'UN. Croire quelque chose, c'est l'estimer véritable : Je crois ce que vous me dites. Croire à quelque chose, c'est y ajouter foi, y avoir confiance, s'y fier : Je ne crois pas à l'efficacité de ce remède. Croire quelqu'un, c'est ajouter foi à ce qu'il dit : Il ne faut pas croire les menteurs. Croire à quelqu'un, c'est croire à son existence : Croire aux sorciers, c'est croire qu'il y en a ; Croire les sorciers, c'est croire ce qu'ils disent.

2. FAIRE CROIRE, FAIRE ACCROIRE., Faire croire, c'est persuader à autrui une chose que l'on croit vraie ou que l'on croit fausse. Faire accroire, c'est persuader à autrui une chose que l'on sait fausse. Aussi faire croire peut se dire des choses comme des personnes : Ce nuage de poussière me fit croire qu'une troupe de cavaliers venait ; mais faire accroire ne peut se dire que des personnes.

HISTORIQUE

XIe s.Il dit au rei : jà mar crerez Marsile (Ch. de Rol. XIV)Iert i sis nies [son neveu y sera] li quens Rolans, ce crei [je crois] (ib. XLII)Mort sont li conte, se est qui mei en creit (ib. XLII)Del rei paien, sire, por ver [pour vrai] creez (ib. LIII)[Il] Ne creit en Deu le fil sainte Marie (ib. CXII)Respont li dus : sire, je vous en crei (ib. CCLII)Li reis creit Deu, faire veut son service (ib. CCLXVIII)Creire [elle] veut Deu, chrestientet demande (ib. CCXCII)

XIIe s.Ostages bien creüz [en qui on puisse se fier] (Ronc. p. 12)Se ne creez mes dits (ib. p. 22)Creez [croyez] mon los [conseil] (ib. p. 27)Si voirement come nous le creon (ib. p. 48)Las ! se jel pert, de ce sui bien creanz, Jamais n'ert jor que n'en soie dolans (ib. p. 86)Et si [il] cresra sainte crestienté (ib. p. 117)Dame, cil dex en cui [nous] somes creant (ib. p. 121)[Dame] qui croit faus druz [amant] menteor (Couci, I)Je sai moult bien qu'ele croit les felons (ib. XIII)Conseil [il] aura creü moult fol et enfantif (Sax. XXIV)

XIIIe s.Biaus sire, nous avons vos lettres veües, qui nous dient que nous vos creons de tout ce que vos dirés (VILLEH. LXVI)Et vos feistes mout mal quant vos les creütes (VILLEH. CXXIII)Les lettres disoient que autant les creüt-on comme lor seigneurs (VILLEH. X)Bien fait qui se porvoit En croire ce qu'il doit, Ce dit li vilains (Proverbes du comte de Bret. Ms. de St-Germ. f° 114, dans LACURNE)Çà est li bons vins de Soissons ; Sor l'erbe vert et sor les jons Fait bon boivre à henap [coupes] d'argent ; Caiens [céans] croit l'en [l'on fait crédit] toute la gent ; Caiens boivent et fol et saige (CORTOIS D'ARTOIS Ms. de St-Germ. f° 83, dans LACURNE)Se croire me voulez, bien serez assenée [dirigée] (Berte, XLVI)Constance, dist Symons, je croi que elle ait faim (ib. XLIX)Sachiez, vous en avez mauvais conseil creü (ib. LI)Un certain messager qui bien faisoit à croire [en qui on se pouvait fier] Pour bien faire message, n'estoit pas com le loire (ib. LXVI)Je croi qu'ele soit morte (ib. XCV)Ains croi [je] que sans point de demore, Son hommage [tu] li renoiasses, Ne jamès par amor n'amasses (la Rose, 4264)Amors, qui te fait en li croire, Te tolt ton sens et ta memoire, Et de ton cuer les iex avugle (ib. 6929)Et trouva que le Vieil de la Montagne ne creoit pas en Mahommet, ainçois creoit en la loy de Haali, qui fu oncles de Mahommet (JOINV. 260)Il a maint preuhomme chevalier en la terre des Crestiens et des Sarrazins, qui onques ne crurent Dieu ne sa mere (JOINV. 275)Le saint roi se esforça de tout son pooir, par ses paroles, de moi faire croire en la loi crestienne (JOINV. 197)Ertaut de Nogent fu le bourgois du monde que le conte creoit le plus (JOINV. 205)Moult de ses gens li loerent [conseillèrent] que il attendist tant que ses gens feussent revenus, parce que il ne li estoit pas demouré que la tierce partie de ses gens ; et il ne les en voult onques croire (JOINV. 214)

XIVe s.Et il s'en croient au jugement de ceulz qui sont bons et sages (ORESME Eth. 243)Qui croit paroles doucereuses souvent les trouve venimeuses (LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 387)Vous parlez saigement ; Se ne croy vo conseil, jammais Diex ne m'ament [m'amende] ; Car de boin conseil croire, vienent li bien souvent (Baud. de Seb. VIII, 460)

XVe s.Il estoit moult aimé et cru en la ville (FROISS. I, I, 190)Puis que nature s'entremit D'entailler si digne figure, Il est à croire qu'elle y mit De ses biens à comble mesure (ALAIN CHART. Excusation de maître Alain.)Et le roy, croyant ces choses, s'en alla audit pais de Normandie (JEAN DE TROYES Chron. 1475)Et pour ce à vous bien confesser me doy De croire [prêter] ainsi, dont j'ai grant repentance, Quant on n'a pas renvoyé devers moy Un prest que fis.... (EUST. DESCH. Poésies mss. f° 343, dans LACURNE)Suppliant au roy ne vouloir legierement croire contre luy et son filz (COMM. I, 1)Le bruyt d'artillerie faisoit croire de tous les deux costez quelque grande entreprinse (COMM. I, 11)Quant le roy eut ce ouy, il dit à Tanor : Tanor, ne me croyez jamais, se celluy qui là a parlé n'est Salphar de Liban (Perceforest, t. VI, f° 107)Le roy y estoit en personne, qui à ce siege ne croyoit personne [ne s'en rapportait à personne] (ib. t. V, f° 101)Il ne fut pas maistre pour lors ne cru de faire son vouloir (LOUIS XI Nouv. I)

XVIe s.Il appert par les livres des anciens Peres que cela estoit receu sans difficulté, de dire croire l'Eglise, et non pas en l'Eglise (CALV. Instit. 811)Ils l'envoyarent vivre en la forest de Biere ; je croy qu'elle n'y soit plus maintenant (RAB. Gar. I, 21)Messieurs, je croy que vous soyez faict mal, pardonnez le nous (RAB. Pant. II, 25)Je croy en Dieu le pere tout-puissant.... Je croy la saincte et catholicque Eglise Estre des sainctz et des fideles une Vraye union, entre eux en tout commune.... Finalement croi la vie eternelle (MAROT IV, 342)Je croy que, avant que recepvez ceste reponse, vous aurez du roy ce que avés demandé (MARG. L. 50)Je vous supplie le croire de ce que je l'ay prié vous dire (MARG. ib. 49)S'il en faut croire du Bellay (MONT. I, 25)Je ne croy pas que ces mouvements se feissent avecques discours [réflexion] (MONT. I, 50)Si ce sont medecins, je les crois en ce qu'ils disent de.... (MONT. I, 58)Je crois de la medecine tout le pis ou le mieulx qu'on vouldra (MONT. I, 130)Ils croyent les ames immortelles, et les mauldites estre logées du costé de l'occident (MONT. I, 238)Les grands esprits font un aultre genre de biencroyants (MONT. I, 389)Au moins se trouveroit-il une chose qui se croiroit par les hommes d'un consentement universel (MONT. II, 319)Il ne fault pas croire à chascun, dict le precepte (MONT. II, 331)Du mont souvent armée devalla, Croyant pour vray qu'en la campaigne il soit : Puis ne trouvant personne, s'en alla, Et croit qu'il est monté par autre voye (LA BOÉTIE 487)Je n'en diray pas davantage, sinon que je me fay croire qu'elle en viendroit à bout en huit jours (LANOUE 437)Et, pour cela, il s'en faisoit croire, et parloit. d'une braveté grande (DESPER. Contes, XLII)Ses amis allerent enhortans le peuple assistant de croire à ce qu'il avoit dit (AMYOT Solon, 11)Les Megariens le creurent facilement (AMYOT ib. 12)Ne croire point aux dieux (AMYOT Péric. 60)Il leur feit à croire que Alexandre s'estoit, en dormant, apparu à luy (AMYOT Eum. 25)Plusieurs croient que le poëte et l'historien soient d'un mesme mestier ; mais ils se trompent beaucoup (RONS. 514)Legier croire [croire légèrement] fait decevoir ; Il faut congnoistre avant que aymer (l'Amant rendu Cordelier, p. 514, dans LACURNE)Ne croire à Dieu que sur bons gages (COTGRAVE)Fol ne croit jusques à tant qu'il reçoit (COTGRAVE)Pour neant demande conseil qui ne le veut croire (COTGRAVE)Qui sempres croit et asne meine, son corps ne sera jà sans peine (COTGRAVE)

ÉTYMOLOGIE

Saintong. crére ; wallon, creure ; Berry, creire ; provenç. creire ; espagn. creer ; portug. crer ; ital. credere ; du latin credere.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CROIRE. - REM.

6. Racine a dit : Vous croyez qu'un amant vienne vous insulter, Andr. II, 1. Laharpe trouve là une faute évidente qu'il faut corriger en lisant : croyez-vous ? On ne peut être de l'avis de Laharpe ; les exemples cités à la Remarque 1 rendent sa correction tout à fait inutile.

7. Croyez-moi que, reconnaissez avec moi.Croyez-moi qu'Alcidon n'en sait guère en amour (CORN. Veuve, III, 4)Si tes feux en son coeur produisaient même effet, Crois-moi que ton bonheur serait bientôt parfait (CORN. Mélite, I, 2)Cela [à propos de paroles flatteuses du roi sur les Grignan] fut charmant, et l'on doit être comblé ; mais croyez-moi que les temps changent (SÉV. 28 févr. 1680)

8. Je l'ai cru s'éteindre, a été dit pour : J'ai cru qu'il s'éteignait.Hélas ! qu'il était grand quand je l'ai cru s'éteindre, Votre amour, et qu'à tort ma flamme osait s'en plaindre ! (CORN. Androm. Lexique, éd. Marty-Laveaux)

CRU (s. m.)[kru]

1. La quantité dont une chose a crû, a pris croissance. Ces arbres ont bien poussé, voilà le cru de cette année.

2. Production.

On leur a défendu d'apporter d'autres marchandises que celles du cru de leur pays (MONTESQ. Esp. XX, 8)

Son vin noir et grossier mais désaltérant et sain est du cru de sa vigne (J. J. ROUSS. Ém. III)

3. Terroir considéré comme ce qui fait croître les végétaux et leurs produits. Ce vin-là est d'un bon cru.

Après ce qui lui vient de son cru, rien ne lui paraît de meilleur goût que le gibier et les truffes que cet ami lui envoie (LA BRUY. III)

Droit qui fut fixé à cinq pour cent sur toutes les marchandises des Indes et de la Chine, et à trois pour cent sur toutes celles du cru des îles de France et de Bourbon (RAYNAL Hist. phil. IV, 26)

Les seules denrées du cru couvrent notre table (J. J. ROUSS. Hél. V, 2)

Des vins d'un cru céleste épanchent leurs trésors (DELILLE Parad. perdu, V)

Vin du cru, vin fait sur le lieu même où il est bu.

Moi, gai comme un dieu sans nectar, Au vin du cru je me résigne (BÉRANG. Nourrice.)

Fig. Cet ouvrage est une compilation, l'auteur n'y a rien mis de son cru.

Ce que nous désirons aujourd'hui avec tant de chaleur et de besoin vient immédiatement du cru de Dieu (BALZ. Disc. à la régente.)

Le vieux marchand me dit à l'oreille : On voit bien que ce n'est pas de son cru [à M. de Beaufort] (RETZ III, 167)

Il est bien nécessaire d'employer de l'argent à des perruques, lorsque l'on peut porter des cheveux de son cru qui ne coûtent rien (MOL. Avare, I, 5)

C'est de votre cru que vous dites cela (BOSSUET Instr. 2)

Il n'a rien de son cru que le mensonge (BOSSUET I, Pent. 1)

La pièce est de mon cru (RAC. Épigr.)

Il sait par coeur une infinité de bons contes qu'il a récités tant de fois comme de son cru, qu'il est parvenu à se figurer qu'ils en sont effectivement (LESAGE Gil Blas, III, 11)

Fig. Le vin de mon cru, le vin de son cru, les actions, les pensées, les paroles de quelqu'un. Lorsque Mondor osa te dire en face Que tu saignas du nez dix fois au moins, Te citant l'heure et le jour et la place. - Conte grossier que personne n'a cru, Qui n'était pas digne de ma colère : On me connaît, et le vin de mon cru Ne passera jamais pour de l'eau claire, PONS, (de Verdun), les Excuses dans les Contes et poésies diverses, p. 191.

4. Terme de chasse. Milieu d'un buisson, dit plus communément creux, où la perdrix se retire quelquefois pour éviter la poursuite des chiens.

REMARQUE

Cru n'est pas autre chose que le participe passé du verbe croître qui s'écrit crû ; l'Académie devrait donc l'écrire avec un accent circonflexe, comme elle fait pour dû : réclamer son dû.

HISTORIQUE

XVIe s.Est dit vin du cru de la ditte ville tout vin qui croist dedans les limittes du ruisseau de Saint Jouandeau.... (Nouv. coust. génér. t. IV, p. 911)Je sçais très bien sentir, à mesurer ma portée, que mon terroir n'est aulcunement capable d'aulcunes fleurs trop riches que j'y treuve semées et que touts les fruicts de mon creu ne les sçauroient payer (MONT. II, 99)

ÉTYMOLOGIE

Crû, participe de croître.

CRU, CRUE (adj.)[kru, krue]

1. Qui n'est point cuit. De la viande crue. Des fruits crus.

Préparer les viandes qu'auparavant ils dévoraient crues (J. J. ROUSS. Inég. 2e part.)

Fig.

La sagesse toute sèche et toute crue fait mal au coeur (BALZ. liv. VI, lett. 5)

Ils n'en suivaient pas la doctrine toute crue (BOSSUET Var. XI)

2. Qui est d'une digestion difficile. Le concombre est très cru.

3. De l'eau crue, eau chargée de sels et qui ne peut dissoudre le savon ni cuire les légumes.

L'eau que je buvois était un peu crue et difficile à passer, comme sont la plupart des eaux des montagnes (J. J. ROUSS. Conf. VI)

4. Qui n'a pas encore subi de préparation. Cuir cru. Soie crue. Métaux crus, ceux qui sont tels qu'ils sortent de la mine.

Chanvre cru, chanvre qui n'a pas été trempé dans l'eau.

5. Qui n'a pas encore subi une élaboration suffisante.

Ces semences, tant qu'elles sont vertes et crues, demeurent attachées à l'arbre pour prendre leur maturité (BOSSUET Conn. V, 2)

Terme de médecine. Humeurs crues, matières crues, celles qui n'ont pas reçu le degré de coction nécessaire.

6. Qui est à l'état de simple ébauche, en parlant des choses de l'esprit. Ce n'est encore là que sa pensée toute crue.

Ronsard avait forcé notre langue par des inversions trop hardies et obscures ; c'était un langage cru et informe (FÉN. t. XXI, p. 191)

7. Terme de peinture. Un ton cru, ton qui ne se fond pas avec les autres. Couleur crue, couleur trop tranchante.

Ce ne sont point les feuilles d'un vert cru qui font les admirables paysages (CHATEAUB. Itin. 111)

Lumière, ombre crue, se dit quand les grands clairs ne sont pas séparés des grands bruns par des gradations de nuances.

8. Choquant, dur, en parlant des expressions, du langage. Cela est bien cru.

Je te vois accablé d'un chagrin si profond, Que j'excuse aisément ta réponse un peu crue (CORN. la Veuve, III, 3)

À cru, d'une façon crue.

Elle veut qu'en détours la chose s'enveloppe, Et ce mot dit à cru lui cause une syncope (REGNARD le Joueur, II, 4)

Peu décent, trop libre. Ils ont tenu devant elle des discours un peu trop crus.

9. À cru, loc. adv. Sur la peau nue.

Bottés à cru les gros milours [milords], Armés d'épieux, en habits courts (SCARR. Virg. trav. IV)

Il prit les bottes qui étaient au pied du lit et les ayant chaussées à cru.... s'alla mettre auprès de l'Olive (SCARR. Rom. com. 2e part. ch. 2)

Leurs transparents seraient plus beaux, si elles voulaient les mettre à cru (SÉV. 324)

N'avoir de la dévotion que ce retranchement me paraît être bottée à cru (SÉV. 548)

Un surtout emprunté Vêtit à cru ma triste nudité (VOLT. P. diable.)

Monter à cru, monter un cheval sans selle ni couverture.

Il fut étonné de voir Massinissa, âgé pour lors de plus de quatre-vingts ans, monté à cru sur un cheval selon la coutume de son pays, donner partout les ordres comme un jeune officier et soutenir les fatigues les plus dures (ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. I, p. 519, dans POUGENS)

Les barbares [Francs] montaient à cru des étalons sauvages (CHATEAUB. Mart. 190)

Terme d'architecture. Une construction porte à cru, quand elle repose sur le sol même, et non sur des fondements.

Teindre sur le cru, ou teindre à demi-bain, mettre les soies à la teinture, sans qu'elles soient bien décreusées.

REMARQUE

Cet adjectif se met toujours après son substantif.

HISTORIQUE

XIIIe s.Riens qu'on peüst mangier [il] n'i ot ne cru ne cuit (Berte, XXXVI)Et quanqu'il i aura de cuirier [cuir] cru es charretes (Liv. des mét. 280)

XIVe s.Mais les autres plus impurs sont, Por ce que le vif argent ont Trop crud et leur soulphre terrestre Trop aduste.... (Nat. à l'alch. err. 129)

XVe s.Au roy fut faicte la responce non point creue, mais la plus honneste qu'on l'eust peu entendre (COMM. II, 13)

XVIe s.Son herbe tant verde et crude que conficte et preparée (RABEL. III, 47)Ils trouvoient trop crud de dire qu'il n'estoit pas plus vraisemblable que la neige feust blanche que noire (MONT. II, 317)Ce fut aussi un estat nouveau quand la ligue formée monstra les cornes en desploiant ses tiltres et ses forces armées à cru de toutes les fonctions et authoritez d'un parti (D'AUB. Hist. II, 485)Un feuillant boiteux, qui armé tout à crud se faisoit faire place avec une espée à deux mains (Sat. Mén. p. 13)Le labeur toutesfois ses membres ne consomme, Tant il est cru [verd] vieillard (RONS. 746)Aucuns font leur mere ou saloir, d'une peau de beuf crue, un peu salée (O. DE SERRES 839)Armure à cru (MONET Dict.)Un discours bien crud (OUDIN Curios. fr. Vous me la baillez crue [vous me la donnez belle], les Marguer. de la Marguerite, t. I, f° 90, dans LACURNE.)

ÉTYMOLOGIE

Liégeois, crou ; namurois, cru, froid et humide en parlant du temps ; provenç. cru ; espagn. et ital. crudo ; du latin crudus.

CRU, CRUE (part. passé du verbe croire)[kru, krue]

1. À quoi on donne croyance. Une nouvelle crue légèrement. Les miroirs trop peu crus par celles qui les consultent.

Quel plaisir d'aimer la religion, de la voir crue, soutenue, expliquée par de si beaux génies et par de si solides esprits ! (LA BRUY. XVI)

Il resta encore à la piété de la troisième race [les Capétiens] assez de fondations à faire et de terres à donner ; les opinions répandues et crues dans ces temps-là auraient privé les laïques de tout leur bien, s'ils avaient été honnêtes gens (MONTESQ. Esp. XXXI, 10)

2. À qui on donne croyance. Un sage ami cru trop tard. Les dieux crus par les païens.

3. Regardé comme, tenu pour. Hercule cru fils de Jupiter.

CRÛ, CRUE (part. passé du verbe croître)[kru, krue]

Les arbres crûs depuis mon départ. La rivière crue et menaçante empêchait le passage.

CROÎTRE (v. n. irrég.)[kroî-tr' ; au XVIIe siècle plusieurs prononçaient craître ; et en effet les poëtes font rimer croître avec des sons en aître ;La victoire aura droit de le faire renaître ; Si ma haine est trop faible, elle la fera croîtreCelui qu'ils craignaient fut le maître ; Proposez-vous d'avoir le lion pour ami, Si vous voulez le laisser croîtreÀ de moindres objets tu peux le reconnaître ; Contemple seulement l'arbre que je fais croîtreQuel parti prendre ? où suis-je ? Et qui dois-je être ? Sur quel terrain puis-je espérer de croître ?Cette prononciation est tout à fait abandonnée par l'usage]

1. Acquérir une taille plus grande, se développer, en parlant des êtres animés. Cette pluie a fait croître les blés.

Ils sont crûs de six grands doigts (VOIT. Lett. 42)

Laissez-le croître, ce roi chéri du ciel ; il saura tantôt se servir, tantôt se passer de ses plus fameux capitaines (BOSSUET Louis de Bourbon.)

Ainsi l'on vit l'aimable Samuel Croître à l'ombre du tabernacle (RAC. Athal. II, 9)

Le bois qui, dans le même terrain, croît le plus vite est le plus fort ; celui qui a crû lentement est plus faible que l'autre (BUFFON Exp. sur les végét. 1er mém.)

Toutes les parties d'un corps organisé ont à croître, et, tandis qu'elles croissent, elles continuent à s'acquitter des fonctions qui leur sont propres (BONNET Consid. corps organ. Oeuvres, t. V, p. 300)

Ce jeune homme qui croissait pour changer la face de la botanique (CONDORCET Linné.)

Ce retard donnait aux moissons nouvelles des Russes le temps de croître ; elles nourriront sa cavalerie [de Napoléon] ; son armée traînera moins de transports à sa suite (SÉGUR Hist. de Nap. II, 5)

Ne faire que croître et embellir, se dit d'une jeune personne qui devient plus belle en devenant plus grande.

Fig.

Des caresses qui ne faisaient que croître et embellir (HAMILT. Gramm. 11)

Une passion qui ne fait que croître et embellir (VOLT. Lett. à Cath. 63)

Ironiquement.

L'approche de l'air de la cour a donné à son ridicule de nouveaux agréments, et sa sottise tous les jours ne fait que croître et embellir (MOL. Comt. d'Escarb. 1)

Il est crû comme un champignon, tout en une nuit, se dit d'un homme de néant qui a fait une grande fortune en peu de temps.

2. Par extension. Croître en beauté, en sagesse, en vertu, acquérir progressivement plus de beauté, plus de sagesse, plus de vertu.

3. Provenir, en parlant des végétaux. Il ne croît pas de blé en ce pays. La vigne ne croît pas dans les pays du nord.

Par extension, en parlant de choses inanimées.

Cette pierre est crue en une grande montagne (PASC. Proph. 25)

Fig.

Il y croît [à Paris] des badauds autant et plus qu'ailleurs (CORN. Ment. I, 1)

4. Devenir plus grand, en parlant des choses inanimées. Les pluies ont fait croître la rivière. La lune commence à croître.

Le Dieu de Seine était dehors à regarder croître l'ouvrage (MALH. II, 3)

Puisque le jugement nous croît par le dommage (RÉGNIER Épît. II)

Ton nom ne peut plus croître, il ne lui manque rien (CORN. Hor. II, 5)

Ainsi l'ont autrefois versé [leur sang] Brute et Manlie ; Mais leur gloire en a crû loin d'en être avilie (CORN. Poly. V, 4)

Mais malgré ma bonté qui croît plus tu l'irrites (CORN. ib. V, 2)

Votre péril croîtrait, et je serais perdue (CORN. Rodog. III, 1)

Malgré tous mes respects je vois de jour en jour Croître sa résistance autant que mon amour (CORN. Perthar. II, 3)

....Un si rare mérite Semble croître de prix quand par force on le quitte (CORN. Sertor. I, 3)

Vos impostures croissent tous les jours (PASC. Prov. 15)

C'est ainsi que vous faites croître peu à peu vos opinions (PASC. ib. 13)

La faveur de Mme de Maintenon croît toujours (SÉV. 432)

Les persécutions feront croître l'Église (BOSSUET Hist. II, 7)

Sa grandeur est crue selon la mesure de sa bassesse (BOSSUET Asc. I)

Cependant l'empire des Perses allait croissant (BOSSUET Hist. I, 8)

Que le trouble, toujours croissant de scène en scène, à son comble arrivé, se débrouille sans peine (BOILEAU Art p. III)

[Cet amour] Dont les feux avec nous ont crû dans le silence (RAC. Baj. II, 5)

Je sens croître ma joie et mon étonnement (RAC. Iphig. II, 2)

Je vois mes honneurs croître et tomber mon crédit (RAC. Brit. I, 1)

Ah ! laisse à ma fureur le temps de croître encore (RAC. Andr. II, 1)

Le trouble semble croître en son âme incertaine (RAC. Phèd. V, 5)

Votre douleur redouble et croît à chaque pas (RAC. Iphig. II, 1)

Plus la dépravation sembloit croître parmi les hommes.... (MASS. Av. Noël.)

Il y a, dans la cour d'une mosquée, une colonne où l'on marque les degrés de l'accroissement du Nil, et, chaque jour, des crieurs publics annoncent dans tous les quartiers de la ville de combien il est crû (ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. I, p. 37, dans POUGENS)

De sorte que le pouvoir va croissant et la sûreté diminuant, jusqu'au despote, sur la tête duquel est l'excès du pouvoir et du danger (MONTESQ. Esp. VIII, 5)

La quantité de marchandises et denrées croît par une augmentation de commerce (MONTESQ. ib. XXII, 8)

Depuis les Perses nous voyons croître le luxe en Asie et, par conséquent, les dépenses ; mais nous ne voyons pas croître les richesses prises pour la masse des denrées et des matières premières (CONDILLAC Hist. anc. Lois, ch. 9)

Comme si l'objet de l'intrigue n'était pas rempli quand l'intérêt croît d'acte en acte (MARM. Rép. à La Harpe, Oeuvres, t. XVII, p. 31 dans POUGENS.)

Et les maux de l'exil et de l'oppression Croissent au souvenir de sa chère Sion (DELILLE Pitié, IV)

5. V. a. Augmenter, accroître.

Qu'à des coeurs bien touchés tarder la jouissance C'est infailliblement leur croître le désir (MALH. II, 8)

M'ordonner du repos, c'est croître mes malheurs (CORN. Cid, II, 8)

Regarde-le plutôt pour exciter ta haine, Pour croître ta colère et pour hâter ma peine (CORN. ib. III, 4)

Mais la plus belle mort souille notre mémoire, Quand nous avons pu vivre et croître notre gloire (CORN. Cinna, II, 1)

Ma mort était ma gloire, et le destin m'en prive Pour croître mes malheurs et me voir ta captive (CORN. Pomp. III, 4)

Loin de me soulager, vous croissez mes tourments (CORN. Médée, V, 3)

De ceux qui m'ont trahi croissez l'indigne nombre (ID. Perthar. V, 3)

Me plaindre à l'empereur serait croître ma peine (ROTROU Bélis. III, 3)

Peuvent-ils [les domestiques] croître leurs gages en se garnissant ? (PASC. Prov. 6)

Je ne prends point plaisir à croître ma misère (RAC. Baj. III, 3)

Que ce nouvel honneur va croître son audace (RAC. Esth. III, 3)

Tu verras que les Dieux n'ont dicté cet oracle Que pour croître à la fois sa gloire et mon tourment (RAC. Iphig. IV, 1)

Faut-il payer si cher cette paix d'un moment Qui croîtrait à la fois ma honte et mon tourment ? (DELILLE Par. perdu, IV)

Pourquoi chercher vous-même à croître vos ennuis ? (DUCIS Othello, V, 2)

Mauvaise herbe croît toujours, se dit par plaisanterie des enfants qui grandissent beaucoup.

À chemin battu il ne croît point d'herbe.

On disait par plaisanterie à ceux qui se plaignent qu'une chose n'est pas assez grande : Faites-la éternuer et lui dites : Dieu vous croisse.

REMARQUE

1. Croître se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand il exprime l'action de croître : La rivière a crû d'un pied ; cet enfant a crû de trois centimètres. Il se conjugue avec l'auxiliaire être, quand il exprime l'état : La rivière est crue ; cet enfant est crû de deux pouces.2. Croître a été employé activement ; c'est du reste un archaïsme, mais qui est de très bon usage dans la poésie et la prose élevée.

SYNONYME

CROÎTRE, AUGMENTER. Croître se dit des êtres animés dont la taille devient plus grande : Cet enfant croît rapidement ; cet arbre a crû beaucoup dans l'année. Augmenter ne peut se dire des êtres animés : ni un enfant ni un arbre n'augmentent ; augmenter implique une idée d'agrandissement en tous sens qui n'est pas dans croître. Mais quand il s'agit de choses au propre ou au figuré, croître et augmenter sont synonymes ; sa générosité croît ou augmente tous les jours ; l'incendie croît ou augmente ; avec cette nuance cependant que croître porte à l'esprit l'idée d'un développement semblable à celui d'un être animé, et augmenter celle d'un agrandissement brut et en tout sens.

HISTORIQUE

XIe s.Soleil n'i luist, ne blet n'i puet pas creistre (Ch. de Rol. LXXVI)

XIIe s.En France crut si dolereus tourment (Ronc. p. 67)Dex ! puis leur est si grant peine creüe (ib. p. 69)Par Guenelon me croist peine mout grant (Ronc. p. 86)Car sor chascun [il] fist croistre un aubespin (ib. p. 155)Croistre [il] vous veut d'onor et de bernage (ib. p. 159)Belle niece Aude, or vous croist segnorie (ib. p. 160)Ja n'i croistra vos los ne vos honors (Couci, VII)Si [la reine Blanche] fait fermer [fortifier] chastiaus, pour mieus valoir ; De tant sont jà par lui [elle] creü Si hoir (HUES DE LA FERTÉ Romancero, p. 183)

XIIIe s.Dame, ce dist li rois, honor vous est creüe (Berte, LXXX)En plorant s'en part Berte, cui Diex croisse bontés (ib. CXXXII)Et tout adiès croissoit li os [l'armée] de jor en jour (H. DE VALENC. 11)Et bien saciez de voir que vous avez aillours deux tans de gens que vous n'avez chi, et se iestes en vostre terre, et toujours vous croistront gent (Chr. de Rains, p. 76)Devant els [ils] virent un enfant ; Genz ert et grant et ben creüz (Lai del desiré)Car les gens le conte croissoient, Qui plus et plus tous jours venoient (Bl. et Jeh. 4236)Toute autre maniere de fruit crut en regne de France, aus, oignons (Liv. des mét. 32)Quant li arbres furent creü (la Rose, 599)Et si estoit [un pin] si haut creüs, Qu'ou vergier n'ot nul si bel arbre (ib. 1438)Cil qui à lui ira de moi iert afiés ; Si li croistrai sa rente de mil mars d'or pesés ; Si iert tote sa vie mes drus et mes privés (Ch. d'Ant. V, 470)Tout soit-il ainsi que li vin ou li blé soient encore sor les liex où il crurent (BEAUMANOIR XLIV, 41)Et se le [la] mesure est plus grans qu'à Clermont, si comme ele est en aucunes viles, on doit croistre du pris (BEAUMANOIR XXVII, 16)

XIVe s.Donnons povoir de mander et assembler gens d'armes et de pié, de les croistre et amenuiser toutes et quantes fois que bon vous semblera (Ord. des rois, t. III, p. 160)Et les richesses de celui qui pesche [pèche] en prodigalité ne croissent pas moult (ORESME Eth. 108)

XVe s.Finalement leur defense ne valut neant, car gens d'armes frisques et nouveaux croissoient toudis sur eux (FROISS. I, I, 108)Les saisons passerent, et ce jeune duc de Guerles cresist en honneur, en force, en sens et en grand vouloir de faire armes (FROISS. II, III, 94)Afin qu'en eulx dignité plus en cresse (CH. D'ORL. Compl. de la France.)Estez nourrist et croist selon raison Vignes et blez et tous biens de nature (E. DESCH. Adieu jeunesse.)Afin que chascun soit engrant [désireux] De croistre [enchérir], et que au plus offrant.... (E. DESCH. Poésies mss. f° 407, dans LACURNE)Pour lorsle cueur lui estoit creu, et ne se trouvoit point humble envers ledit duc comme autrefois (COMM. II, 5)

XVIe s.Ce qu'ilz ont fait, car par rapt, tromperie, Ont augmenté et creu leur seigneurie, Malle nerbe croist trop plus que l'on ne veut (J. MAROT V, 69)Il mesloit dans sa mangeaille des pierres pour en croistre la mesure (MONT. II, 176)En la grande place de Syracuse l'herbe estoit crue si haulte et si forte que les chevaux y paissoient (AMYOT Timol. 32)Au moyen de quoy le cueur leur estant creu, ilz allerent incontinent mettre le siege devant la ville d'Acerres (AMYOT Marcel. 6)En une abbaye au dessous de Beaurevoir, où croist la rivière de l'Escaut (M. DU BELL. 43)

ÉTYMOLOGIE

Berry, crêtre ; wallon, crèhe, au participe, créhou, crû ; namurois, crèche, au participe, créchu ; rouchi, crécher ; saintong. crétre ; provenc. crescer, creisser ; catal. crexer, espagn. crecer ; ital. crescere ; du latin crescere.

CRUE (s. f.)[krue]

1. Élévation du niveau des eaux d'un cours d'eau, par suite de pluies ou de fonte de neiges.

Ce fleuve [Nil], qui prend sa source dans l'Éthiopie, doit son accroissement à des nuages qui, retombant en pluie, occasionnent sa crue périodique (RAYNAL Hist. phil. XI, 3)

Montez à travers Blois cet escalier de rues Que n'inonde jamais la Loire au temps des crues (V. HUGO F. d'aut. 2)

2. Croissance. Cet enfant, cet arbre n'a pas pris toute sa crue.

3. Autrefois l'augmentation des tailles. La crue de la taille.

Dans l'ancienne pratique et en matière d'inventaire, le cinquième denier au-dessus de la prisée, lequel était attribué aux commissaires-priseurs, parce qu'alors ils étaient responsables. La crue est abolie. Estimation à juste prix et sans crue.

En un autre sens.

Je ne sais qui a pu imaginer que nous demandions à prendre le sel de la ferme à bas prix, pour en tirer un petit profit qu'on appelle crue (VOLT. Lett. Dupont, 10 oct. 1775)

HISTORIQUE

XIIIe s.Ne scet l'en [l'on] dont celle creue [du Nil] vient, mez que de la volenté de Dieu (JOINV. 220)

XVe s.Qui du marchié le denier à Dieu prent, Il n'y peut mectre ne rabat ne creüe (CH. D'ORL. Rond.)Octroions que tout le sel qui sera vendu es gremer à sel de nostre pays de Normandie.... soit vendu à la creue de douze deniers tournois sur chacun minot.... pour les deniers qui vendront [viendront] de ladite creue.... tourner et convertir au profit de nostre dit conseiller (VALLET DE VIRIVILLE Chron. de la Pucelle, p. 78)

XVIe s.Que les creues des compagnies de gens de pied, et la levée des Suisses n'estoit à autre fin que pour ruiner les huguenots (CASTELNAU 196)Joinct les ordinaires commissions des creues et recreues, que l'on distribue par toutes les provinces, causées sur levées des deniers, pour la subvention de ses affaires (CARL. IV, 5)

ÉTYMOLOGIE

Féminin du participe crû ; provenç. creguda ; catal. crescuda ; espagn. crecida.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CRUE. Ajoutez :

4. Levée de troupes (inusité).

Quintius fut continué au gouvernement de la Grèce avec deux légions ; s'il avait besoin de quelque crue, les consuls eurent commandement de la faire et de la lui envoyer (MALH. Lexique, éd. L. Lalanne)

Wikipedia - voir aussi

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Cru

                   
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Cru peut faire référence à :

Sommaire

  Nom commun

  Vins et alcools

Un cru désigne un vignoble produisant un vin spécifique et, par extension, ce vin.

  Voir aussi

  Adjectif

Qui n'est pas cuit ni pasteurisé.

  Noms propres

  Patronymes

  Œuvres

CRU est un sigle faisant référence à :

CRU est un code pour :

  Voir aussi

   
               
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Crue

                   
  Crue de la Charente en mars 2006.

La crue est le fait qu'un cours d'eau déborde de son lit mineur, après de fortes pluies, une fracture terrestre en profondeur qui libère des nappes phréatiques ou la fonte des neiges. Une crue très connue est celle du Nil qui touche toute la population habitant sur une bande de 25 kilomètres sur les bords du fleuve. Les crues sont le phénomène météorologique et géomorphologique le mieux connu et le plus suivi dans l'histoire. Les zones à risque, car inondables, sont bien répertoriées.

On lutte contre les crues par divers aménagements hydrauliques, dont les zones d'expansion de crue

Sommaire

  Pluie

Une crue-éclair est le fait qu'une rivière ou un ruisseau sorte subitement de son lit à la suite de pluies torrentielles, généralement de durée limitée sous des orages. Ce phénomène est fréquent dans les régions montagneuses où le ruissellement des pentes vers les vallées est très rapide. La pluie peut se produire loin de la zone inondée car elle est le résultat de la concentration de l'eau tombant sur le bassin hydrique vers le point le plus bas.

D'autre part, les pluies continues sur de larges zones, comme la mousson, vont ruisseller vers les cours d'eau. Dans ces cas, même si la pente est faible, la quantité importante de pluie peut les faire déborder.

  Fonte des neiges

Au printemps, la transformation de neige en eau liquide étant un phénomène relativement lent, l'eau issue de la fonte des neiges pénètre mieux dans le sol que l'eau de pluie, elle contribue donc plus à l'alimentation des nappes phréatiques. Les quantités d'eau stockée sous forme de neige ou de glace pouvant être considérables, la fonte des neiges peut provoquer des inondations parfois catastrophiques, notamment en cas de radoucissement rapide accompagné de pluies.

  Conséquences

  Témoin de crue.

La crue des cours d'eau qui causent des inondations, notamment dans les pays pauvres, font souvent beaucoup de victimes et de dégât matériels. Dans certaines régions du globe, les crues font partie du cycle naturel des saisons. Durant plus de deux millénaires, les crues du Nil ont fait prospérer la civilisation égyptienne et de nombreuses zones tropicales sont encore tributaires des crues annuelles, et des moussons qui fertilisent et irriguent les cultures, en reconstituant des réserves d’eau pour la saison sèche.

Quelques crues célèbres en France:

  • Témoin de crue de la hauteur d'eau en 1910 à Paris sous le Pont Neuf. Il existe un autre témoin dans les salles de la conciergerie à environ un mètre au-dessus du sol et un de 1845 à environ 1 mètre au-dessus de la route surplombant à mi-hauteur du chambranle d'une porte à plus de 5 mètres de haut le niveau courant de la Loire à Orléans à moins de 300 mètres du pont Jeanne-d'Arc au-dessus du niveau des constructions au sud de la Loire.
  • 3 témoins de crue dont 1910 sur le mur de la mairie construite en 1763 de Noyers (89) sous la fenêtre.

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  Articles connexes

   
               
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