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Significations et usages de progrès

Définition

progrès (n.m.)

1.action d'avancer (par exemple vers un but)

2.amélioration ou croissance ou développement progressif " avancement des connaissances " " grands progrès dans les arts "

évolution favorable de l'humanité, développement de la civilisation "Politique de progrès."

" Le Progrès diffère de l'innovation en cela qu'il conduit à de nouvelles conditions tandis que l'innovation a pour objectif premier de ne pas changer ces conditions "

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Définition (complément)

⇨ voir la définition de progrès dans le Littré

⇨ voir la définition de Wikipedia

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Synonymes

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Voir aussi

Locutions

Alliance des forces de progrès • Alliance pour le Progrès • Alliance pour le progrès et la justice/Jëf-Jël • Association française des volontaires du progrès • Association malienne pour l'unité et le progrès de l'Islam • Association pour la liberté économique et le progrès social • Association progrès du management • Centre démocratie et progrès • Cité Progrès • Congrès pour la démocratie et le progrès • FC Progrès Niederkorn • Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l'Homme • Forces martiniquaises de progrès • Front patriotique pour le progrès (Centrafrique) • Front pour la démocratie et le progrès • Front pour le progrès et la justice • Haïti Progrès • Indicateur de progrès véritable • Le Progrès • Le Progrès (homonymie) • Le Progrès civique • Le Progrès de Coaticook • Le Progrès de la Somme • Le Progrès saint-affricain • Le Progrès égyptien • Les Désillusions du progrès • Militant pour le Progrès de Madagascar • Mouvement national pour la stabilité et le progrès • Mouvement nationaliste du progrès • Nation et progrès • On ne schtroumpfe pas le progrès • Parti Union et Progrès • Parti de l'espoir et du progrès • Parti de l'unité et du progrès • Parti de la liberté et du progrès • Parti de la liberté et du progrès (Biélorussie) • Parti de la liberté et du progrès (unitaire) • Parti de la solidarité et du progrès • Parti des verts pour le progrès • Parti du progrès • Parti du progrès (Islande) • Parti du progrès (Norvège) • Parti du progrès de Guinée équatoriale • Parti du progrès démocratique (Bosnie-Herzégovine) • Parti du progrès et de la citoyenneté • Parti du progrès et du socialisme • Parti gabonais du progrès • Parti pour la démocratie et le progrès • Parti pour la démocratie et le progrès (Burkina-Faso) • Parti pour la démocratie et le progrès (Tanzanie) • Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste • Parti pour la liberté et le progrès • Parti sénégalais du progrès • Parti togolais du progrès • Progres Beograd • Progrès Niedercorn • Progrès de Cornouaille • Progrès et démocratie moderne • Progrès scientifique • Progrès social • Progrès technique • Progrès-Dimanche • Rassemblement pour le progrès, la justice et le socialisme • Rue du Progrès • Rue du Progrès (Bruxelles) • Société d'Encouragement au Progrès • Solidarité et Progrès • Union centriste des démocrates de progrès • Union des Maliens pour le progrès • Union des jeunes pour le progrès • Union pour la démocratie et le progrès social • Union pour le progrès national • Units per al progrés • Vallée d'Aoste Autonomie Progrès Fédéralisme

Dictionnaire analogique




Le Littré (1880)

PROGRÈS (s. m.)[pro-grê ; l's se lie : un pro-grê-z incessant]

1. Mouvement en avant. Le progrès du soleil dans l'écliptique. Les progrès d'un incendie.

Le Rhin, tranquille et fier du progrès de ses eaux (BOILEAU Ép. IV)

2. Il se dit de ce qui avance dans le temps, de ce qui se développe.

Tout ce qui se perfectionne par progrès périt aussi par progrès (PASC. Pens. XXIV, 96 bis, édit. HAVET.)

Il [l'homme], est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans son progrès (PASC. Fragm. sur le vide.)

Dieu a voulu faire et marquer l'ébauche de son ouvrage.... et, après avoir fait d'abord comme le fond du monde, il en a voulu faire l'ornement avec six différents progrès, qu'il a voulu appeler six jours (BOSSUET Élévat. sur myst. III, 5)

Dans le progrès de l'âge (BOSSUET Déf. tradit. commun. II, 31)

Le poëme tragique vous serre le coeur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer, et le temps de vous remettre (LA BRUY. I)

Heureux progrès des ans ! Que son port est plus fier, ses traits plus imposants ! (C. DELAV. Paria, III, 4)

3. Terme de philosophie. Progrès à l'infini, opinion de ceux qui considèrent les causes comme formant une série indéfinie, sans arriver à une cause dernière et suprême.

Et il est très manifeste qu'en cela [la cause qui a produit l'homme être pensant] il ne peut y avoir de progrès à l'infini, vu qu'il ne s'agit pas tant ici de la cause qui m'a produit autrefois comme de celle qui me conserve présentement (DESC. Médit. III, 21)

Supposer un progrès de causes à l'infini, c'est n'en point supposer du tout (J. J. ROUSS. Ém. IV)

4. Suite de succès militaires et autres.

Sans faire passer les choses pour autres qu'elles ne sont, les seuls progrès que nous avons faits cette année, nous sont venus par votre moyen (VOIT. Lett. 82)

Il ne faut point douter que des commencements si merveilleux ne soient soutenus par des progrès encore plus étonnants (CORN. Poly. à la reine régente.)

L'éclat d'une fortune et le cours d'une vie Par qui l'Empire fait de si fameux progrès (ROTR. Bélis. III, 5)

Cromwell signa un traité avec les Espagnols, qui, assistés de ses forces et profitant de nos désordres, prirent la même année Graveline et Dunkerque, et firent plusieurs autres progrès (PELLISSON Hist. de Louis XIV, I, 1662)

Lui seul peut arrêter les progrès d'Alexandre (RAC. Alex. I, 1)

5. Toute sorte d'augmentation, d'avancement en bien. Il fait des progrès dans ses études.

Ce parfait et divin amour Les avançait de jour en jour en ces progrès d'esprit où la vertu s'excite (CORN. Imit. I, 18)

Le grand progrès spirituel N'est pas un goût continuel Des sensibles attraits dont elle [la grâce] te console (CORN. ib. III, 7)

Non-seulement chacun des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais tous les hommes ensemble y sont en continuel progrès, à mesure que l'univers vieillit (PASC. Fragm. sur le vide.)

Je suis charmé des progrès qu'un petit nombre d'auteurs a donnés à notre poésie (FÉN. t. XXI, p. 278)

Si des intelligences supérieures à l'homme ont aussi un progrès de connaissances, elles volent tandis que nous rampons (FONTEN. Newton.)

Une des plus agréables histoires, et sans doute la plus philosophique, est celle des progrès de l'esprit humain (FONTEN. Gallois.)

C'est déjà avoir fait un grand progrès que de souhaiter d'en faire (ROLLIN Traité des Ét. VI, chap. I, 1re part. I, 6)

Conséquences du progrès nécessaire et indéfini de la raison humaine, malgré les interruptions des guerres (L'ABBÉ DE SAINT-PIERRE Oeuv. t. XV, p. 100)

La raison a fait plus de progrès en vingt années que le fanatisme n'en avait fait en quinze cents ans (VOLT. Lett. duc de Bouillon, 22 déc. 1767)

Les progrès [de la civilisation], quoique nécessaires, sont entremêlés de décadences fréquentes par les événements et les révolutions qui viennent les interrompre (TURGOT Ébauche du 2e disc. progrès de l'esprit humain, p. 265)

Souvent une chose qui demande moins de génie qu'une autre, exige plus de progrès dans la masse totale des hommes (TURGOT ib. p. 275)

Je dirais volontiers du Pergolèse comme Cicéron disait d'Homère, que c'est avoir déjà fait beaucoup de progrès dans l'art que de se plaire à sa lecture (J. J. ROUSS. Lett. sur la mus. franç.)

Les philosophes auraient suppléé à l'impuissance où nous sommes, pour la plupart, de nous étudier nous-mêmes, s'ils nous avaient laissé l'histoire des progrès de leur esprit (CONDILL. Art de penser, II, 3)

L'invention et les progrès des sciences sont de la même nature ; ces progrès ne sont que l'invention renouvelée (BAILLY Hist. astr. anc. p. 19)

6. Il se dit en mauvaise part, de ce qui s'aggrave, de ce qui empire. Les progrès continuels de la maladie.

Un si grand mal faisait des progrès étranges (BOSSUET Hist. II, 2)

Il [Dieu] détermine dans sa sagesse profonde les limites qu'il veut donner aux malheureux progrès de l'erreur et aux souffrances de son Église (BOSSUET Reine d'Anglet.)

Ce progrès en mal dont parle l'apôtre (BOSSUET Rép. aux préjugés, 5)

7. Absolument. Se dit du mouvement progressif de la civilisation, des institutions politiques. Nier le progrès. Être partisan du progrès.

8. Avancement dans la faveur, dans l'affection. Les progrès d'un favori dans les bonnes grâces du prince.

Vous avez dans son coeur fait de si grands progrès.... (CORN. Nicom. III, 3)

Est-ce donc là, madame, Tout le progrès qu'Achille avait fait dans votre âme ? (RAC. Iph. III, 6)

Passion qui avait fait dans son coeur beaucoup de progrès (HAMILT. Gramm. 9)

9. Terme de musique. Progrès de la fugue, la suite de la fugue, à partir du point où toutes les parties ont fait chacune leur entrée, et où tous les fils du discours musical sont liés ensemble.

HISTORIQUE

XVIe s.Quoyque je ne me contente gueres du progrez que j'y ay faict [dans l'étude de moi-même] (MONT. II, 60)Nous appellons sauvages les fruicts que nature de soy et de son progrez ordinaire a produicts (MONT. I, 234)Et ainsi des autres, comme nous dirons au progrès [par la suite] de ce traité (PARÉ XX, 4)

ÉTYMOLOGIE

Lat. progressus, marche, de progredi, marcher en avant, de pro, en avant, et gradi, marcher (voy. GRADE).

Wikipedia

Progrès

                   

Le terme de progrès (issu du latin progressus) est une notion à double dimension :

quantitative : c'est l'action d'avancer (sens étymologique)
qualitative : c'est l'amélioration de quelque chose.

Le concept de progrès est utilisé et discuté dans différentes disciplines telles que la philosophie, l'histoire, la politique, l'économie ou les sciences.

Sommaire

  Complexité de la notion

L'existence de cette double dimension peut être source d'ambiguïté et de confusions.[1]

« Concept central de la pensée des Lumières et des courants évolutionnistes, le progrès incarne la croyance dans le perfectionnement global et linéaire de l'humanité; La société, tout en se développant, évolue vers le "mieux" : augmentation des richesses, progrès scientifique et technique... mais aussi amélioration des moeurs et des institutions, voire progrès de l'esprit humain.»
« Le progrès économique se définit à la fois par l'idée de croissance (quantitative) et par une meilleure efficacité ( qualitative).» (...) « En ce sens la notion est proche de celle de développement, et selon une idée répandue, elle irait de pair avec le progrès social.
« En réalité , rien n'assure que le progrès économique entraine mécaniquement le mieux-être ». L'analyse fait apparaitre des contrastes : Ainsi la rationalisation de la production introduite par le taylorisme et le fordisme ont permis une augmentation importante et indéniable du pouvoir d'achat , mais au prix d'un durcissement des conditions de travail. Au total, Il ressort que le progrès social ne s'identifie pas uniquement aux progrès quantitatifs (Niveau de vie, Bien-être matériel...). D'autres enjeux méritent être considérés : genre de vie, instruction, conditions de vie, santé, égale redistribution des "fruits du progrès" ...

  Histoire de la notion

La notion de progrès, qui semblait évidente voire « naturelle » aux hommes de la fin du XIXe siècle, est, en fait, une notion historiquement acquise et diversement comprise selon les temps, les lieux et les civilisations. C'est une notion plurielle et historiquement située.

  Antiquité gréco-romaine

Deux écoles s'affrontent et se croisent : le primitivisme, qui voit la décadence, et le progressisme, qui voit le progrès. Mais certains auteurs voient le progrès comme une réaction à la décadence. Pour Sénèque (Lettres à Lucilius, 90), la décadence des mœurs entraîne l'invention de lois, comme celles de Solon. Hésiode, dans Les travaux et les hommes (VIIIe siècle av. J.-C.), développe le mythe de l'Âge d'or. La perfection de la race humaine se situe à l'origine, et le progrès technique est signe de décadence.

« Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge d'or pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d'un nuage, parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale prérogative qu'ils ont obtenue » (Les travaux et les hommes, 109 ss.).

Eschyle, dans Prométhée enchaîné (vers 460 av. J.-C.), de façon mythique, attribue le progrès dans les techniques et les sciences, à Prométhée, un Titan qui a apporté le feu aux hommes.

« Promètheus : Si tu veux écouter le reste, tu admireras combien d’arts et de ressources j’ai inventés. Voici le plus grand : Si quelqu’un, autrefois, tombait malade, il n’y avait aucun remède, aucune nourriture, aucun baume, ni rien qu’il pût boire. Ils mouraient par le manque de remèdes, avant que je leur eusse enseigné les mixtures des médicaments salutaires qui, maintenant, chassent loin d’eux toutes les maladies. J’instituai les nombreux rites de la divination. Le premier, je signalai dans les songes les choses qui devaient arriver, et j’expliquai aux hommes les révélations obscures. J’ai précisé aux voyageurs les hasards des chemins et le sens assuré du vol des oiseaux aux ongles recourbés, ceux qui sont propices, ceux qui sont contraires, le genre de nourriture de chacun, leurs haines, leurs amours et leurs réunions. J’enseignai aussi l’aspect lisse des entrailles et leur couleur qui plaît aux Daimones, et la qualité favorable de la bile et du foie, et les cuisses couvertes de graisse. En brûlant les longs reins, j’ai enseigné aux hommes l’art difficile de prévoir. Je leur ai révélé les présages du Feu, qui, autrefois, étaient obscurs. Telles sont les choses. Et qui peut dire avoir trouvé avant moi toutes les richesses cachées aux hommes sous la terre : l’airain, le fer, l’argent, l’or ? Personne. Je le sais certainement, à moins de vouloir se vanter vainement. Écoute enfin un seul mot qui résume : tous les arts ont été révélés aux Vivants par Promètheus » (Prométhée enchaîné, 505).

En revanche, Sophocle, dans Antigone (vers 440 av. J.-C.), cherche l'origine du progrès dans l'esprit humain, inventif.

« Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n'est plus admirable que l'homme. Il est porté par le Notos orageux à travers la sombre mer, au milieu de flots qui grondent autour de lui ; il dompte, d'année en année, sous les socs tranchants, la plus puissante des Déesses, Gaias, immortelle et infatigable, et il la retourne à l'aide du cheval. L'homme, plein d'adresse, enveloppe, dans ses filets faits de cordes, la race des légers oiseaux et les bêtes sauvages et la génération marine de la mer ; et il asservit par ses ruses la bête farouche des montagnes ; et il met sous le joug le cheval chevelu et l'infatigable taureau montagnard, et il les contraint de courber le cou. Il s'est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l'abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l'avenir. Il n'y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper, mais il a trouvé des remèdes aux maladies dangereuses » (Antigone, 334-356).

La notion de progrès a été développée par les stoïciens, dès Zénon de Citium (vers 300 av. J.-C.) et surtout Posidonios d'Apamée. Sénèque considère le progrès technique - pas le progrès des connaissances - comme un danger pour la vie morale, puisque son moteur est l'amour du luxe et du plaisir[2].

Jacqueline de Romilly, dans Les Idées romaines sur le progrès d’après les écrivains de la République, Antoinette Novara met en lumière le développement de la philosophie du progrès (résumée dans le mot humanitas), notamment chez Lucrèce, Cicéron, Varron, Salluste, Virgile, et Horace[3].

  Mathias Roriczer

On doit à Mathias Roriczer, selon E. Zilsel[4], la première apparition de l'idée d'un progrès continuel de l'artisanat et de la science. Son livre sur l'architecture (Von der Fialen Gerechtigkeit. Comment construire correctement des pinacles et des tours, Trèves, 1845) date de 1486. La science est considérée comme une coopération pour des fins non personnelles, avec la participation des gens du passé, du présent, du futur.

  Francis Bacon et l'invention du progrès

En Europe, les premières théorisations de l'aptitude humaine à progresser, apparurent au XVIe siècle, au moment où précisément, s'affirmaient conjointement les capacités techniques de l'homme, c'est-à-dire ses capacités à modifier son environnement, et ses capacités à inscrire matériellement, concrètement, par le biais du livre et de l'imprimerie, les modalités de progression.

Pour Francis Bacon, le progrès humain est apparemment sans limites. Dans son ouvrage La Nouvelle Atlantide (1627), il imagine une cité parfaite dévolue à l'essor des sciences et des technologies.

« Notre Fondation a pour fin de connaître les causes et les mouvements secrets des choses et de reculer les frontières de l'empire de l'homme sur les choses, en vue de réaliser toutes les choses possibles » (La Nouvelle Atlantide, G.F., p. 119).

Un manuscrit inachevé (Les Merveilles naturelles) nous propose un aperçu de ce que les techniques apporteront aux hommes : « une jeunesse presque éternelle, la guérison de maladies réputées incurables, l'amélioration des capacités cérébrales, fabriquer de nouvelles espèces animales et produire de nouveaux aliments, etc. ». Ainsi, pour Bacon, le progrès humain consiste à réaliser toutes les choses possibles. Il faut ajouter que cette utopie technologique se prolonge jusqu'à l'espoir de vaincre la mort afin de permettre à l'homme de vivre comme il vivait jadis dans le jardin d'Eden. La foi de Bacon en le progrès n'est donc pas étrangère à la conception biblique originelle.

  Les « pré-Lumières »

La fin du XVIIe siècle, en France et en Angleterre, marque un tournant dans l'histoire de l'idée de progrès, comme le montre Frédéric Rouvillois. La Querelle des Anciens et des Modernes voit s'affronter les tenants de la valeur indépassable des auteurs de l'Antiquité gréco-latine, menés par Boileau, et ceux qui, derrière Charles Perrault, pensent au contraire que le siècle de Louis XIV pouvait amener des perfectionnements, des progrès dans les arts et lettres. Par la suite, sous l'influence des idées cartésiennes et des améliorations techniques (dont le modèle est l'horloge), des auteurs comme Fontenelle et l'Abbé de Saint-Pierre jettent les bases d'une vision foncièrement optimiste (voire naïve) du Progrès humain, inéluctable, général, universel et linéaire, que l'on attribue généralement aux Lumières. Ce sont les "pré-Lumières".

  Diderot : la descente dans l'atelier

Article détaillé : Denis Diderot.

  Condorcet : La vision classique du Progrès

Avec son "Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain", écrit alors qu'il se cachait sous la Terreur de 1793, Nicolas de Condorcet livre la vision classique du Progrès de l'être humain. Il y résume, de mémoire, la plus grande partie du savoir de son temps, contenue dans l'Encyclopédie de Diderot, et se projette dans un avenir qu'il imagine progressivement éclairé par la Raison, l'éducation, les connaissances, les découvertes scientifiques et techniques. Cette vision du Progrès dominera tout le XIXe siècle.

  XIXe siècle

En Europe, ce n'est que tardivement - c'est-à-dire au XIXe siècle - que le « progrès » est devenue une notion économique, puis scientifique. C'est plus tardivement encore qu'elle a rejoint la notion d'innovation, au point d'y être confondue. En termes d'archéologie du savoir, la culture technique pré-industrielle (le système eau/bois/vent) apprit lentement à théoriser la capacité des sociétés à progresser, et découvrit, non sans débats et désaccords, que le progrès pouvait être pensé comme une potentialité. La culture technique de la première industrialisation (système fer/charbon/vapeur), au contraire, s'est fondée sur la notion de progrès, en basculant de la potentialité à la puissance, et en assimilant le progrès à la science. La culture technique de la seconde industrialisation (système pétrole/électricité/alliages), qui s'est élaborée à partir des années 1880, franchit un pas supplémentaire en assimilant le progrès à l'innovation, à la capacité d'innover, ce qu'aucune société n'avait encore théorisé. L'intérêt de la période dans laquelle nous vivons actuellement, tient à ce que nous nous trouvons dans un même système technique, mais à des niveaux de développement différents, selon les lieux et les pays : post-industrialisation galopante dans le monde occidental et au Japon, industrialisation accélérée dans les pays neufs : Inde, Chine, Brésil, ... stagnation dans une situation « pré-industrielle » en Afrique, par exemple.

  XXe siècle

En analysant l'impact du progrès technique sur la population active, le démographe et économiste Alfred Sauvy introduit la distinction entre « progrès processif » et « progrès récessif » [5]. L'historien de l'économie André Piettre commente ainsi cette différence :[6]

« le progrès processif agrandit la nature par rapport à l'homme en ce sens qu'il permet d'obtenir un rendement accru avec la même quantité d'effort et de facteurs naturels. (...) ce progrès permet aux hommes de vivre plus nombreux sur un même espace : il élève l'optimum démographique ».
« Au contraire, le progrès récessif agrandit l'homme par rapport à la nature, c'est à dire qu'il lui permet d'obtenir le même rendement avec moins de travail. Le progrès récessif réduit donc le besoin d'hommes pour un même résultat. Il provoque le chômage et abaisse l'optimum démographique. Il rejoint ainsi la catégorie du "Labour saving" de Hansen.»

Selon le commentaire de René Courtin [7], le progrès processif profiterait aux « dominés » parce qu'il ouvre des emplois nouveaux. Inversement le progrès récessif profiterait aux « dominants» parce qu'il renforce le monopole des possédants. Courtin admet cependant qu'il peut exister une certaine nuance dans le concept : « Certains progrès sont initialement directement récessifs , mais peuvent se révèler finalement processifs » .

  Domaines concernés

La conceptualisation du progrès s'est faite historiquement des techniques vers le reste de la société.

  Progrès technique et scientifique

Articles détaillés : Progrès scientifique et Progrès technique.

  Progrès moral

Article connexe : Morale.

  Progrès social

Article détaillé : progrès social.

  Approche philosophique et critique

Le Progrès est resté une conception dominante en Occident, de la Révolution Française à la première guerre mondiale. Jusqu'à cette date, les critiques, quoique nombreuses, émanant de milieux politiques ou artistiques, n'ébranlaient pas la conception dominante. Publié en 1855, La fin du monde par la science par le philosophe Eugène Huzar présente la première philosophie catastrophiste du progrès technologique[8]. Avec l'horreur des tranchées, l'Occident a découvert le caractère ambivanlent du progrès technique, qui augmente à la fois les moyens de sauver des vies humaines et les capacités de destruction de l'Homme. L'explosion de la première bombe atomique à Hiroshima, le génocide de millions de juifs par le régime nazis, ont alimenté une prise de conscience critique vis-à-vis du Progrès.

Pierre-André Taguieff dresse dans deux essais récents[9] un vaste panorama des analyses philosophiques, mais aussi sociologiques, de la notion de progrès, depuis Francis Bacon jusqu'aux auteurs contemporains[10].

Outre la présentation de sa propre analyse, critiquée[réf. nécessaire] pour son approche trop unilatérale et « dans l'air du temps », Taguieff revient en particulier sur la critique moderne de cette notion de progrès, aujourd'hui remise en cause dans le cadre des principes de développement durable, à la suite notamment des travaux du philosophe Hans Jonas (Le Principe responsabilité, en 1979), dont le propos visait en particulier à mettre en évidence les dangers associés au progrès technique.

Cette critique du progrès, nous rappelle Taguieff, ne se résume pas à une dénonciation des dangers écologiques du progrès technique. Est également visée la disparition d'un but assigné au progrès, qui n'aurait alors plus pour horizon que son propre déploiement. C'est ce que Taguieff appelle le « bougisme », également dénoncé par Jean Baudrillard et avant lui par Jacques Ellul, et qui renvoie à la notion de "présentisme" développée par François Hartog.

Est ainsi questionnée par ces différents auteurs la capacité du progrès, sous toutes ses formes, à prendre en compte l'intégralité des variables naturelles, matérielles, culturelles, économiques, qui contribuent à la structuration, au développement, voire à la régression des sociétés. C'est le cas du mouvement pour la décroissance présent en France et dans d'autres pays occidentaux, qui insiste sur l'aspect quantitatif du progès technique associé à la sur-consommation, se réalisant au détriment de l'aspect qualitatif.

Richard Layard, économiste anglais, exprime aussi que l'"On ne devrait pas compter comme progrès ce qui rend heureux aujourd'hui aux dépens de l'avenir"

Il semble donc y avoir parmi les économistes (Tim Jackson auteur du rapport « Prospérité sans croissance »), philosphes etc. une remise en cause de la notion de progrès. Est ce qu'alors les inventions techniques comme le moteur à combustion, la voiture, le plastique etc. constituent un progrès au sens large, au sens du futur ?

  En religion

Le pape Paul VI a consacré son encyclique Populorum Progressio sur la notion chrétienne de progrès. Il encouragea le développement d'un humanisme intégral à l'exemple de celui proposé par le philosophe Jacques Maritain.

La question sociale avait initialement été abordée par Léon XIII dans Rerum Novarum. À l'époque du deuxième concile du Vatican, Jean XXIII avait écrit Mater et Magistra sur le même thème.

Au niveau du culte lui-même, le progrès liturgique est conçu comme allant de pair avec le développement du dogme selon la formule lex orandi lex credenti.

  Notes

  1. CD Echaudemaison, Dictionnaire d'économie et de Sciences sociales, Nathan Paris, 1993
  2. Pierre Hadot, Le voile d'Isis, Folio, p. 194.
  3. article
  4. E. Zilsel, "The Genesis of the Concept of Scientific Progress", Journal of the History of Ideas, 1945, 6, p. 325.
  5. Alfred Sauvy, «Théorie générale de la population» , TI, p 193 et suiv.
  6. Pensée économique et Théories contemporaines , Dalloz Paris, 1970
  7. Un retour à l'économie non monétaire: le macro-marginalisme d'A.Sauvy , Revue d'Economie Politique , Mai et juin 1954
  8. Jean-Baptiste Fressoz, L'Apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique, Seuil, 2012, p. 17 
  9. Du progrès. Biographie d'une utopie moderne, Librio, 2001; Le Sens du progrès. Une approche historique et philosophique, Flammarion, 2004;
  10. "Le sens du progrès" est en particulier accompagnée d'une très riche bibliographie ordonnée

  Bibliographie

  Voir aussi

  Articles connexes

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Dictionnaire de la langue française
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