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Significations et usages de rendre

Définition

rendre (v. trans.)

1.faire devenir (autre) (qqch)

2.redonner (à qqn) (ce qu'on a reçu de lui), (ce qu'on a en sa possession et qui est à lui).

3.produire depuis soi, émettre.

4.mettre à disposition (d'un pouvoir) (qqch ou qqn) " livrer une ville à l'ennemi ; livrer qqn à la justice"

5.soumettre (un verdict) à un tribunal

rendre (v. pron.)

1.se rendre (à qqn) : cesser le combat et se soumettre (à l'ennemi), lui rendre les armes.

2.ne plus résister à qqn, se soumettre à qqn.

3.capituler, renoncer.

4.se rendre (à, en, chez) : aller (à, en, chez). (ex: se rendre à Paris, en Normandie, chez le coiffeur)

rendre (v. intr.)

1.rejeter par la bouche, de façon spasmodique, ce qui était dans l'estomac.

rendre (v. d'état)

1.donner certaines propriétés à quelque chose (ex. rendre quelqu'un fou ; elle nous a rendu stupide ; il s'est rendu imbécile à la réunion ; cette invention vous rendra millionnaire.)

rendre

1.rendre à qqn une chose qui lui appartient et qu'on détient illégalement.

rendre (v.)

1.rendre une chose conservée (ex. le sol restitue la chaleur); reproduire des sons, des images transcrits sur un support.

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Définition (complément)

⇨ voir la définition de rendre dans le Littré

Dictionnaire collaboratif

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Synonymes

rendre

remettre, restituer  (V+comp)

rendre (v. intr.)

débecqueter, débecter, débequeter, régobeller, caller l'orignal  (Canada), compter ses chemises  (V, argotique), débagouler  (V, populaire, vieux), dégobiller  (V+comp, populaire), dégueuler  (V+comp, populaire), écorcher le renard  (péjoratif, argotique ou populaire, V), gerber  (V+comp, argotique), mettre le cœur sur le carreau  (péjoratif, argotique ou populaire, V, vieux), piquer un renard  (V, argotique), rendre gorge  (péjoratif, argotique ou populaire, V, vieux), rendre tripes et boyaux  (V, populaire), vomir  (V+comp)

rendre (v. pron.)

céder à, livrer  (se+V)

rendre (v. trans.)

livrer, remettre, faire devenir  (V+attrib(comp)--compl), restituer  (V+comp)

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Voir aussi

rendre (v. trans.)

casqueur

rendre

restituable

rendre (v. pron.)

résister, résister à, tenir bon

Locutions

[ rendre les derniers devoirs ] • action de rendre • faire rendre gorge • ne pas rendre assez à • ne pas rendre compte de • obligation de rendre compte • rendre (un) service (à) • rendre abject • rendre acquéreur • rendre adoration • rendre affamé • rendre avec les honneurs de la guerre • rendre aveugle • rendre beau • rendre caduc • rendre capable • rendre carré • rendre cher • rendre cinglé • rendre clair • rendre complexe • rendre compte • rendre compte (e) • rendre compte de • rendre compte de qqch. • rendre confus • rendre coupable • rendre courage • rendre cultivable • rendre des bénéfices • rendre dingue • rendre dur • rendre déloyal • rendre démon • rendre enceinte • rendre enclin • rendre estropié • rendre femme • rendre ferme • rendre fort • rendre fou • rendre furieux • rendre gloire • rendre gorge • rendre grosse • rendre grâce • rendre hommage • rendre hommage (à qqn pour qqh.) • rendre hommage à • rendre important • rendre impossible • rendre impérissable • rendre inapte • rendre indigne • rendre indolent • rendre infirme • rendre intelligible • rendre joyeux • rendre justice à qqn • rendre l'esprit • rendre l'âme • rendre la justice • rendre la liberté • rendre la main • rendre la monnaie • rendre la monnaie de sa pièce • rendre la pareil • rendre la pareille • rendre laid • rendre langoureux • rendre languissant • rendre le dernier soupir • rendre les abois • rendre les armes • rendre les hommages • rendre les honneurs • rendre les honneurs funèbres • rendre les honneurs suprêmes • rendre lisse • rendre lourd • rendre léger • rendre malade • rendre maître • rendre maître de soi • rendre meilleur • rendre mince • rendre moins bien • rendre moins strict • rendre moins sévère • rendre mou • rendre muet • rendre mûr • rendre nerveux • rendre non avenu • rendre nonchalant • rendre nul • rendre nul et non avenu • rendre nécessaire • rendre obscur • rendre paresseux • rendre perceptible • rendre perplexe • rendre petit en comparaison de • rendre plus agréable • rendre plus haut • rendre plus supportable • rendre plus éclatant • rendre populaire • rendre possible • rendre professionnel • rendre propre • rendre prêt • rendre public • rendre pure • rendre qqn capable (e) • rendre qqn muet • rendre ramollo • rendre responsable • rendre ridicule • rendre rude • rendre réponse • rendre sa dette • rendre sans combats • rendre sec • rendre semblable • rendre sentimental • rendre service • rendre ses devoirs • rendre silencieux • rendre somnolent • rendre son coup (à) • rendre son dernier souffle • rendre son tablier • rendre son épée • rendre souple • rendre stérile • rendre tripes et boyaux • rendre témoignage • rendre un arrêt • rendre un coup • rendre un culte • rendre un jugement • rendre un verdict • rendre une fin de non-recevoir • rendre une visite • rendre uni • rendre utile • rendre vie • rendre vieux • rendre visite • rendre vivant • rendre à l'appel • rendre éternel • rendre, (se) livrer • rendre...capable de • rendre...muet • sans se rendre compte de • se rendre • se rendre compte de • se rendre (bien) compte (e) • se rendre (bien) compte de • se rendre compte • se rendre compte (e) • se rendre compte de • se rendre compte sans (e) • se rendre ridicule • se rendre à l'évidence • à rendre fou

Dictionnaire analogique


rendre (v.)



rendre (v. pron.) [ellipse] [se+V à+comp]

accéder à une demande[Classe]

invitation[termes liés]



rendre (v. pron.) [se+V à+comp--de+comp]


rendre (v. pron.) [se+V+lieu]


rendre (v. tr.) [V+attrib(comp)--compl • V+comp--attrib(comp)]


rendre (v. tr.) [V+comp--à+qqn]

donner[Hyper.]

restitution[Dérivé]



rendre (v. tr.) [V+comp]



rendre (v. tr.)

soumettre - donner[Hyper.]



rendre (verbe)

soumettre[Hyper.]


rendre (verbe)



rendre (verbe)

rendre[Hyper.]


rendre (verbe)


rendre (verbe)


rendre (verbe)

communiquer[Hyper.]


Le Littré (1880)

RENDRE [ran-dr']

1. Remettre une chose, une personne à celui à qui elle appartient, redonner.

Je ne pus m'empêcher de lui répondre [à un seigneur qui hésitait à se lancer dans un hasard] : vous devez tant à la fortune, vous avez tant reçu d'elle ; ce ne sera pas lui donner beaucoup, ce ne sera que lui rendre quelque chose (BALZ. De la cour, 4e disc.)

Bien loin d'interrompre le cours de mes desseins, tu ne fais qu'accomplir l'ouvrage que j'ai commencé.... achève donc, ô mort favorable, et rends-moi bientôt à mon maître (BOSSUET Bourgoing.)

Allez, hypocrites, dit-il : rendez à César ce que vous confessez vous-mêmes être à César, et rendez à Dieu ce qui est à Dieu (BOURDAL. Serm. 22e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. IV, p. 318)

Pour consumer autrui, le monstre [la chicane] se consume, Et, dévorant maisons, palais, châteaux entiers, Rend pour des monceaux d'or de vains tas de papiers (BOILEAU Lutr. V)

C'est un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde (BOILEAU Sat. IX.)

Gardons Proserpine, Les enfers ne rendent rien (QUIN. Proserp. V, 1)

C'est l'usage parmi tous les honnêtes gens : Quand il est survenu rupture ou brouillerie.... On se rend l'un à l'autre et lettres et portraits (REGNARD les Ménechm. IV, 3)

D'un maudit lansquenet le caprice outrageant M'oblige à te prier de vouloir bien me rendre Cent louis que de moi le besoin te fit prendre (REGNARD ib. IV, 5)

Nous rendrons aux quatre éléments ce que nous tenons d'eux, après avoir souffert quelque temps par eux, et après avoir été agités de crainte et d'espérance pendant les deux minutes de notre vie (VOLT. Lett. à Mme du Deffant, 1er nov. 1773)

Louis le Germanique avait pris l'Alsace à Lothaire, mais il la rendit ; Charles le Chauve la prit et ne la rendit point (VOLT. Ann. Emp. Louis II, 869)

Il [Frédéric III] rend le jeune Ladislas à ses peuples ; on l'a beaucoup loué d'avoir été un tuteur fidèle, quoiqu'il n'eût rendu ce dépôt que forcé par les armes (VOLT. ib. Frédéric d'Autriche, 1450)

Je n'ai guère vu dans les enfants que ces deux espèces de générosité : donner ce qui ne leur est bon à rien, ou donner ce qu'ils sont sûrs qu'on va leur rendre (J. J. ROUSS. Ém. II)

Une autre difficulté encore plus grande, c'est l'argent que je n'ai pas ; beaucoup d'amis m'en offrent ; mais je ne serais pas en état de le rendre, et je ne veux l'aumône de personne (D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 4 août 1770)

Rendre le pain bénit, voy.

PAIN, n° 6

.

Rendre le reste d'une pièce de monnaie, donner ce qui reste de la valeur d'une pièce, après avoir pris sur cette pièce ce qui était dû.

Rendre à quelqu'un sa parole, le dégager de l'engagement qu'il avait pris.

Moi-même je vous rends le serment qui vous lie (RAC. Iph. IV, 6)

Cléante m'a rendu ma parole de la meilleure grâce (GENLIS Théâtre d'éduc. la Cloison, sc. 18)

Populairement. Quand il emprunte, c'est à ne jamais rendre, c'est-à-dire il ne rend pas volontiers ce qu'on lui a prêté.

Fig. Je lui ai rendu mon estime, ma confiance, mon coeur.

Une fois elle avait rendu son coeur à Dieu (BOSSUET Anne de Gonz.)

Mais si ce feu, seigneur, vient à se rallumer, S'il lui rendait son coeur, s'il s'en faisait aimer ? (RAC. Andr. I, 3)

Lysimaque, me dit-il, je te rends mon amitié, rends-moi la tienne (MONTESQ. Lysim.)

Dans un sens analogue, se rendre, rendre à soi-même.

Rends-toi cette vertu pleine, haute, sincère, Qui t'affermit si bien au trône de mon frère (CORN. Perth. V, 2)

Rendre un dépôt, remettre ce qui a été confié.

Fig.

Philippe.... examine d'un oeil et d'un soin curieux Où les vagues rendront ce dépôt précieux (CORN. Pomp. II, 2)

2. Terme de marine. Rendre son bâtiment après le désarmement, le remettre et le laisser aux soins des directions du port.

Rendre le quart, remettre le service du quart à celui ou à ceux qui le prennent après.

Anciennement. Rendre le bord, revenir au port. Il [le capitaine] ne rendra le bord qu'après avoir consommé tous ses vivres, en sorte qu'il ne lui en reste au plus que pour quinze jours lorsqu'il entrera dans le port où il devra désarmer, Ordonn. de 1689, VII, 26.

3. Remettre à son adresse. Rendre un paquet.

Le cardinal de Bouillon, à qui la lettre était adressée, ne l'a point rendue au roi, et lui en a seulement rendu compte (PELLISSON Lett. hist. t. II, p. 416)

Ta lettre m'a été rendue à Erzeron où je suis (MONTESQ. Lett. pers. 8)

Voici les lettres que j'ai reçues pour vous ; je suis bien fâché de ne vous les pas rendre en main propre (VOLT. Lett. Rochefort, 28 janv. 1767)

Rendre réponse, faire par écrit une réponse ou transmettre par un messager une réponse.

Voici le fils qui me vient rendre réponse (MOL. Mar. forcé, XV)

Rendre un cartel, remettre un cartel.

J'ai charge de sa part de lui rendre un cartel (CORN. Suivante, V, 1)

4. Voiturer, porter, conduire. Rendre des marchandises en un lieu.

Dans ce sens il se dit des personnes. Montez dans ma voiture, et dans une heure je vous rendrai chez vous.

Sans reculer plus loin l'effet de ma parole, Je vous rends dans trois mois au pied du Capitole (RAC. Mithr. III, 1)

M. d'Almare veut absolument que nous soyons rendus à Toulon vers les derniers jours d'avril (GENLIS Ad. et Th. t. II, p. 267, dans POUGENS)

Rendre quelqu'un (avec un qualificatif), le ramener en tel ou tel état.

Ne prétendez nous le rendre ni beau, ni spirituel ; rendez-nous le sain : c'est tout ce qu'on veut (MAINTENON Lett. à Mme de Ventadour, 30 juill. 1712)

Rendre quelqu'un en quelque lieu, avec un nom de chose pour sujet, l'y faire arriver.

Mais il faut que le ciel lui-même la renvoie, Cette belle rivale ; et tout notre discours Ne la saurait ici rendre dans quatre jours (CORN. Tite et Bérén. I, 3)

5. Rendre de l'ouvrage, le remettre à celui à qui il est destiné. J'ai donné de l'ouvrage à mon tailleur qui ne me le rend pas.

6. Transmettre.

Du prince, en apparence, elle reçoit les voeux ; Mais elle les reçoit pour les rendre à Roxane (RAC. Bajaz. I, 1)

7. Fig. S'acquitter, en parlant de certains devoirs, de certaines obligations, de marques de respect, de civilité.

Au nom de cette aveugle et prompte obéissance Que j'ai toujours rendue aux lois de la naissance (CORN. Poly. III, 4)

J'adore ce grand coeur qui rend ce qu'il doit rendre Aux illustres aïeux dont on vous voit descendre (CORN. Sertor. II, 3)

Vous n'avez point rendu gloire au Dieu qui tient dans sa main votre âme et tous les moments de votre vie (SACI Bible, Daniel, V, 23)

Si on lisait dans le coeur du maître [Louis XIV], je crois que l'on y verrait qu'il estime plus les hommages de M. le Prince [Condé] que ceux que lui pourrait rendre tout le reste de l'univers (LA FONT. Lett. XII)

Et le mari benêt, sans songer à quel jeu, Sur les gains qu'elle fait rend des grâces à Dieu (MOL. Éc. des femmes, I, 1)

Mais au moins sois complaisante aux civilités qu'on te rend (MOL. Princ d'Él. II, 4)

Mais, quand on est du monde, il faut bien que l'on rende Quelques dehors civils que l'usage demande (MOL. Mis. I, 1)

Les ministres lui rendent [à Mme de Maintenon] la cour que les autres leur font (SÉV. 21 juin 1680)

Mettez la foi et l'obéissance à la place de la raison, passez outre sur ma parole et rendez-moi cette obéissance (BOSSUET Lett. à Mme du Mans, 27 mai 1701)

Elle que j'avais vue si attentive pendant que je rendais le même devoir [oraison funèbre] à la reine sa mère, devait être, sitôt après, le sujet d'un discours semblable (BOSSUET Duch. d'Orl.)

Le prince victorieux fléchit le genou, et, sur le champ de bataille [Rocroy], il rend au Dieu des armées la gloire qu'il lui envoyait (BOSSUET Louis de Bourbon.)

Il ne fallut pas emprunter la voix d'un prophète inconnu pour lui dire comme à Ézéchias : vous mourrez ; un fils osa rendre ce triste et charitable office à son père, et la fidélité de l'un fit voir la résignation de l'autre (FLÉCH. le Tellier.)

Andromaque elle-même, à Pyrrhus si rebelle, Lui rend tous les devoirs d'une veuve fidèle (RAC. Andr. V, 5)

[à Athènes] Au retour d'une bataille on rendait publiquement les derniers devoirs à ceux qui avaient été tués (ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. XI, 2e part. p. 467, dans POUGENS.)

Quand même vous vous tromperiez.... en rendant à une fausse vertu l'estime et l'honneur qui ne sont dus qu'à la vertu véritable, qu'eu serait-il ? (MASS. Carême, Injust. du monde.)

Je lui rends des respects et des soins (DANCOURT Parisienne, SC. 3)

Il [Montézuma] met le comble à son avilissement, en rendant hommage de sa couronne au roi d'Espagne (RAYNAL Hist. phil. VI, 9)

7. Absolument.

M. de Louvois, toute sa vie, avait une grande considération pour elle [Mme de Boisdauphin, mère de Mme de Louvois], et ses enfants après lui ; c'était une femme aussi qui savait se faire rendre (SAINT-SIMON 129, 176)

Rendre le devoir conjugal, ou, simplement, rendre le devoir, satisfaire à l'intention du mariage.

Rendre une reconnaissance, témoigner de la reconnaissance.

J'ai rendu jusqu'ici cette reconnaissance à ces soins tant vantés d'élever mon enfance (CORN. Héracl. I, 2)

Rendre des honneurs, accorder, décerner des honneurs.

Il n'y a que les républiques qui rendent de tels honneurs [une statue] ; les rois ne donnent que des récompenses (VOLT. Charles XII, 3)

Terme de féodalité. Rendre foi et hommage, rendre aveu, reconnaître en qualité de suzerain.

Rendre visite, aller visiter.

Fig.

Et quand la mort vient nous rendre visite, Achille est-il plus heureux que Thersite ? (J. B. ROUSS. Épît. I, 1)

Rendre ses visites, faire les visites que l'usage prescrit dans certaines circonstances.

Rendre à quelqu'un sa visite, faire une visite à une personne qui est venue vous visiter.

Les croyant de retour, elle avait été chez eux sans les trouver, et ils venaient lui rendre sa visite (GENLIS Veillées du château t. I, p. 424, dans POUGENS)

Rendre le salut, saluer quelqu'un par qui on a été salué.

On dit de même : Je lui ai rendu son salut. Il ne m'a pas rendu mon salut.

8. Rendre service à quelqu'un, l'obliger.

L'important service qu'il rendait continuellement à l'État, en faisant connaître les hommes capables de remplir les grandes places (BOSSUET le Tellier.)

Voulez-vous être rare ? rendez service à ceux qui dépendent de vous (LA BRUY. VI)

Richelieu était ingrat, ambitieux, tyrannique ; mais il avait rendu de très grands services (VOLT. Hist. parl. L.)

Rendre de bons offices, de mauvais offices à quelqu'un, servir ou desservir quelqu'un de parole ou d'action.

Ce grand pontife [Robespierre] aux indévots Rendit quelques mauvais offices (M. J. CHÉNIER Épître à Delille)

Il se dit parfois en un sens tout opposé. Rendre des mépris, témoigner des mépris.

Telle rend des mépris qui veut qu'on l'importune (CORN. Menteur, III, 6)

Rendre un déplaisir, rendre déplaisir, causer un déplaisir, causer déplaisir.

J'offre ces mêmes voeux et ces mêmes hosties Pour ceux dont la malice ou les antipathies M'ont rendu déplaisir, m'ont nui, m'ont offensé (CORN. Imit. IV, 9)

J'ai des parents et des amis parmi eux, à qui j'ai été bien aise de ne rendre pas ce déplaisir (CORN. Lett. au P. Boulard, 10 juin 1656)

9. Rendre preuve, s'est dit pour faire acte de.

La grande preuve qu'il avait rendue de sa vertu l'avait fait honorer de ses sujets et élever en l'état où il était (Mém. de Villeroy, t. V, p. 105, dans LACURNE)

Ayant rendu toutes les preuves de générosité qu'on saurait attendre d'un prince (ARNAULD D'ANDILLY Lett. 71, dans GODEFROY, Lex. de Corneille.)

On a dit dans le même sens : rendre témoignage de.

Les témoignages de valeur qu'il [Alexandre] y rendit vont au delà de toute l'imagination (LA FONT. Lett. XII)

10. Payer de retour soit en bien, soit en mal. Rendre la pareille. Rendre le réciproque. Rendre le change.

Et rendons le malheur à qui nous l'a donné (MAIRET M. d'Asdrub. III, 1)

Et si c'est un bienfait qu'il faut rendre aujourd'hui, Comme il parla pour vous, vous parlerez pour lui (CORN. Pomp. I, 1)

L'effet a dû t'apprendre, Quand on feint avec moi, que je sais bien le rendre (CORN. Veuve, IV, 8)

Et je ne rendrai pas menace pour menace ! (CORN. Nicom. II, 3)

Ici furent portés et rendus tant de coups.... (ROTR. Antig. III, 6)

Enfin, ma fille, il faut que vous soyez ingrate : le moyen de rendre tout cela ? (SÉV. 48)

Je ne rougis pas de pardonner une injure, jusqu'à rendre le bien pour le mal (BOURDAL. Resp. hum. 2e avent, p. 403)

Rendons-lui les tourments qu'elle me fait souffrir (RAC. Andr. II, 1)

J'aurais vu massacrer et mon père et mon frère.... Et moi.... Je n'aurais pas du moins à cette aveugle rage Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage ! (RAC. Ath. II, 7)

Si vous ne haïssez pas de me parler, je vous le rends bien, ma chère Angélique (MARIV. l'Épreuve, SC. 8)

On tua prodigieusement de Russes, mais ils nous le rendirent bien (VOLT. Candide, 12)

Vous êtes prêtre papiste, je suis prêtre calviniste, vous m'avez ennuyé, et je vais vous le rendre (VOLT. Quest. mir. 15)

Je dis ce qui me vient, et l'on peut me le rendre (GRESSET le Méch. I, 4)

Il faut convenir que sur ce point nous sommes un peu en avance avec eux, et qu'ils ne nous rendent pas fort exactement les louanges que nous leur donnons (D'ALEMB. Ess. sur la soc. des g. de lett. Oeuv. t. III, p. 56, dans POUGENS.)

Les coups qu'on sent le plus sont ceux qu'on ne peut pas rendre (D'ALEMB. Éloges, l'abbé de St-Pierre.)

Cochin n'aime pas Greuze, et celui-ci le lui rend bien (DIDER. Lett. à Falconet, 1767)

Alors il [l'homme statue] remarque que tout ce qu'il touche sur lui rend à sa main sentiment pour sentiment (CONDIL. Trait. anim. ch. 6)

Et pourquoi, lorsqu'il vous bat ainsi, ne le lui rendez-vous pas ? (GENLIS Veillées du château t. I, p. 80, dans POUGENS)

Au passif et impersonnellement.

Au grand jour où il sera rendu à chacun selon ses oeuvres (MASS. Avent, Bonheur.)

Absolument.

Le cheval sent autant qu'on le désire, et ne rend qu'autant qu'on veut (BUFF. Morc. choisis, p. 137)

Le cheval rend à la main, il sent la bride et y obéit.

Dieu vous le rende, phrase que prononcent d'ordinaire ceux à qui on fait l'aumône ou à qui on rend quelque service.

Que le ciel vous le rende, madame, lui répondis-je (MARIV. Pays. parv. part. 1)

11. Rendre combat, rendre le combat, résister à une attaque, combattre.

Timée, après avoir rendu un glorieux combat, demeura sur la place (VAUGEL. Q. C. 591)

Où sont-ils ces combats que vous avez rendus ? (RAC. Iphig. IV, 4)

La terreur de ses armes [de Charles XII] était si grande, que la moitié de l'armée saxonne s'enfuit à son approche sans rendre le combat (VOLT. Charles XII, 2)

Fig.

Les péchés véniels où ils ont trouvé cette jeune âme rendant du combat et faisant de la résistance.... (BALZ. 7e disc. sur la cour.)

C'en est fait, Angélique, et je ne saurais plus Rendre contre tes yeux des combats superflus (CORN. la Place Roy. V, 4)

J'ai si peu de combats à rendre contre moi-même (J. J. ROUSS. Hél. I, 8)

On a dit de même : rendre résistance, opposer de la résistance.

Des plus cruels tyrans j'emprunte le courroux, Pour tirer cet aveu de la reine ou de vous ; Mais partout je perds temps, partout même constance Rend à tous mes efforts pareille résistance (CORN. Perth. V, 2)

12. Faire recouvrer ce qui a été perdu. Rendre la santé, la vue. Rendre la parole. Rendre la liberté.

La mort de votre amant vous rendra-t-elle un père ? (CORN. Cid, V, 5)

C'est ainsi que sa mort lui rend toute sa gloire, à vous toute l'Égypte, à César la victoire (CORN. Pomp. V, 3)

Et peut-on voir mensonge assez tôt avorté Pour rendre à la vertu toute sa pureté ? (CORN. Nicom. IV, 1)

En achevant ces mots, la déesse guerrière.... Rend aux trois champions leur intrépidité (BOILEAU Lutr. III)

Il faut à votre fils rendre son innocence (RAC. Phèdre, V, 7)

Dieux, vous rendrez Oreste aux larmes de sa soeur (VOLT. Oreste, I, 2)

Le supplice d'un Dieu leur rendra l'innocence [aux humains] (DELILLE Paradis perdu, XI)

Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ? (LAMART. Médit. le Lac.)

Par exagération. Rendre la vie, tirer d'une grande peine.

Et par cette nouvelle il m'a rendu la vie (CORN. Cinna, III, 1)

13. Remettre en un certain état, avec un nom de personne pour régime. Ce médecin le rendit à la santé. Un arrêt de non-lieu l'a rendu à la liberté.

Et vous n'avez, seigneur, qu'à vous y faire voir Pour rendre d'un coup d'oeil chacun à son devoir (CORN. Othon, V, 2)

Au jour que je fuyais c'est toi qui m'as rendue (RAC. Phèdre, IV, 6 Tu ne ris du vice des hommes Que pour les rendre à la vertu, LAMOTTE, Odes, t. I, p. 504, dans POUGENS.)

Tu me rends à l'espoir, tu me rends à la vie (DUCIS Othello, II, 1)

Cela le rendit à lui-même, cela le remit en son état ordinaire, fit cesser ses illusions, ses préventions.

Ah ! je vous reconnais ; et ce juste courroux, Ainsi qu'à tous les Grecs, seigneur, vous rend à vous (RAC. Andr. II, 5)

Il n'en fallait pas moins pour me rendre à moi-même ; mais j'y suis rendu, cela est sûr ; ou plutôt je suis tout à l'amitié.... (J. J. ROUSS. Lettre à Mme d'Houdetot, Corresp. t. V, p. 6, dans POUGENS.)

Cet excès de fausseté me rend enfin à moi-même (GENLIS Théât. d'éduc. le Méchant par air, V, 2)

14. Faire devenir, être cause qu'une personne ou une chose devient ce qu'elle n'était pas auparavant.

Qui peut rendre pur celui qui est né d'un sang impur ? (SACI Bible, Job, XIV, 4)

J'aime tout en vous, et même votre beauté.... ayez pitié de votre portrait, ne le rendez point celui d'une autre [en devenant maigre par la maladie] (SÉV. 18 oct. 1688)

Si vous ne me rendez cet endroit vraisemblable, je croirai que j'ai lu un roman (SÉV. 19 juill. 1690)

L'amitié qu'elle [Mme de la Fayette] a pour moi, qui la rend sur cette affaire [la nomination de Ch. de Sévigné à la députation] comme si c'était pour son fils (SÉV. 4 sept. 1689)

La mortification lui rend [au chrétien] la mort familière (BOSSUET Bourgoing.)

Ces juges sévères qui, selon le langage du prophète, rendent les fruits de la justice amers comme de l'absinthe (FLÉCH. Lamoignon.)

De combien de remords m'ont-ils rendu la proie ! (RAC. Andr. I, 4)

Non, non, mon intérêt ne me rend point injuste (RAC. Brit. I, 1)

Aimez, profitez du temps, Jeunesse charmante, Rendez vos désirs contents (QUIN. Isis, II, 7)

Les images des ancêtres rangées en grand nombre dans une salle rendent-elles un homme plus estimable ? (ROLLIN Traité des Ét. V, 1re part. § 6)

Vous eût-elle [l'Église] appelé à son secours par l'imposition des mains, et rendu participant de ses honneurs, si vous eussiez déclaré que vous ne prétendiez pas entrer en part de ses travaux ? (MASS. Confér. Zèle contre les scand.)

Le cardinal de Tencin, archevêque de Lyon, si connu par la manière dont il avait fait sa fortune, en rendant catholique ce Law ou Lass, auteur du système qui bouleversa la France (VOLT. Comm. Oeuv. aut. Henr.)

Rendez votre élève attentif aux phénomènes de la nature, bientôt vous le rendrez curieux ; mais, pour nourrir sa curiosité, ne vous pressez jamais de la satisfaire (J. J. ROUSS. Ém. III)

Il lui rendit les bienfaits odieux, les bienfaiteurs insupportables, la reconnaissance importune (MARMONTEL Mém. VIII)

14. Rendre suivi d'un participe passé ; tournure moins usitée qu'avec un adjectif, mais autorisée par les meilleurs auteurs.

Et rendra les desseins qu'ils feront pour lui nuire, Aussitôt confondus comme délibérés (MALH. II, 1)

Rendre en si doux ébat les heures consumées (MALH. VI, 25)

Sa réponse rendra nos débats terminés (CORN. Veuve, V, 8)

Un favorable aveu pour ce digne hymenée Rendrait ici sa course heureusement bornée (CORN. Tois. d'or, I, 2)

[Qu'il] N'ait rendu de nos dieux le courroux apaisé (ROTR. St Gen. III, 2)

Il pleut, le soleil luit, et l'écharpe d'Iris Rend ceux qui sortent avertis Qu'en ces mois le manteau leur est fort nécessaire (LA FONT. Fabl. VI, 3)

Tandis que le héros admire Cythérée, Elle rend par ces mots son âme rassurée (LA FONT. Adonis.)

Vous me direz, pourquoi cette narration ? C'est pour vous rendre instruit de ma précaution (MOL. Éc. des f. I, 1)

C'est que l'amie [Mme de Maintenon] est d'un orgueil qui la rend révoltée contre les ordres de l'autre [Mme de Montespan] (SÉV. 7 août 1675)

15. Produire, rapporter. Sa ferme lui rend dix mille francs par an.

Quelques grains rendant cent pour un, d'autres soixante, et d'autres trente (SACI Bible, Évang. St Math. XIII, 8)

Le cabinet de M. de Julienne a rendu à la vente beaucoup au delà de ce qu'il avait coûté (DIDER. Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 7, dans POUGENS)

Le revenu territorial, les douanes et les petites branches de commerce ne rendent pas annuellement, à Ceylan, plus de 2 200 000 livres (RAYNAL Hist. phil. II, 15)

Absolument.

Le jeu rendait à merveille dans les commencements (HAMILT. Gramm. 2)

J'ai grand nombre d'écoliers ; mais cela rend peu (DANCOURT le Prix de l'arquebuse, SC. 14)

Comme il y a souvent des années où la chasse et la pêche rendent très peu, ils [les sauvages] sont désolés par des famines fréquentes (MONTESQ. Lett. pers. 120)

Ce métier où l'on devrait mourir de faim ne laisse pas de rendre (MONTESQ. ib. 36)

L'État ne peut subsister qu'autant que le travail des hommes rend au delà de leurs besoins (J. J. ROUSS. Contr. III, 8)

Ce n'était [la mine d'Ucantaya, au Pérou] qu'une croûte d'argent presque massif, qui rendit d'abord beaucoup, mais qui fut bientôt épuisée (RAYNAL Hist. phil. VII, 30)

Fig.

Les du Maine commencèrent à me faire mille avances ; lassés de ce que cela ne rendait pas, ils pressèrent Mme de Saint-Simon de m'amener à Sceaux (SAINT-SIMON 258, 211)

Ce fermier rend tant de sa ferme, il en paye tant.

Je sais ce qu'un fermier nous doit rendre par an (BOILEAU Lutr. IV)

16. Il se dit du suc qui sort de certaines choses. Cette orange, cette viande rend beaucoup de jus. Cette volaille a rendu de la graisse.

17. Exhaler. Cette fleur rend une odeur agréable.

Fig. Rendre l'âme, l'esprit, le dernier soupir, la vie, mourir.

Prêt à rendre l'âme (BOSSUET le Tellier.)

Quelques heures après il rendit doucement l'esprit, le dix-septième de janvier de l'année 395, l'an seizième de son empire et la cinquantième de son âge (FLÉCH. Hist. de Théodose, IV, 77)

Je rends dans les tourments une pénible vie (RAC. Phèdre, IV, 6)

Ne me donnez plus de ces vilaines pilules ; elles ont failli à me faire rendre l'âme. - Je voudrais qu'elles t'eussent fait rendre mon drap ! (BRUEYS Avoc. Pat. II, 3)

18. Faire entendre. Cet instrument rend un son harmonieux.

.... Plainte Qu'encore ne rendrai-je en ces derniers efforts, Si.... (RÉGNIER Élégie I)

Le zinc rend, lorsqu'on le plie, un petit cri comme l'étain (BUFF. Min. t. V, p. 407)

Son armure en marchant rend un son plus horrible (DELILLE Én. IX.)

19. Rejeter par les voies naturelles ou autrement. Rendre de la bile. Rendre par haut et par bas.

[à Vichy] On tourne, on va, on vient, on se promène ; on entend la messe ; on rend les eaux, on parle confidemment de la manière qu'on les rend : il n'est question que de cela jusqu'à midi (SÉV. 277)

J'ai une médecine à prendre, à rendre et beaucoup de lettres à écrire (MAINTENON Lett. à Mme de Caylus, 1714, t. IV, p. 66, dans POUGENS.)

Le lamantin rend beaucoup de sang par ses blessures (BUFF. Quadrup. t. XI, p. 264)

Ce paysan, âgé de trente-cinq ans, rendit par la bouche, en mai 1759, des salamandres de différentes grandeurs, les unes vivantes, les autres mortes (BONNET Consid. corps org. t. V, p. 144, dans POUGENS)

Dans le commencement des fièvres et des maladies inflammatoires, les malades rendent ordinairement une urine rouge, très colorée, ardente, imitant presque la couleur de sang, chaude et âcre (FOURCROY Connaiss. chim. t. X, p. 172)

Nous retirâmes des flots le malheureux Paul sans connaissance, rendant le sang par la bouche et par les oreilles (BERN. DE ST-P. Paul et Virg.)

Cette plaie, ce vésicatoire rend beaucoup, il en sort beaucoup d'humeur.

Populairement. Rendre gorge, vomir pour avoir trop bu ou trop mangé ; et fig. restituer par la force ce que l'on a mal acquis.

Absolument, rendre, vomir.

Fig. et familièrement. Il a bon coeur, il ne rend rien, c'est-à-dire il ne rend pas ce qu'on lui prête.

20. Livrer, céder.

Le gouverneur, vieil et barbu, ne dit au roi que ces paroles : Je viens rendre Gand à Votre Majesté, c'est tout ce que j'ai à lui dire (RAC. Frag. hist.)

Elle trahit mon père, et rendit aux Romains La place et les trésors confiés en ses mains (RAC. Mithr. I, 1)

Lorsque, en vertu du traité les troupes françaises qui étaient dans Damiette rendirent cette ville (VOLT. Moeurs, 58)

Une seconde lettre du roi [Xerxès] ne contenait que ces mots : " Rends-moi tes armes. " Léonidas écrivit au-dessous : " Viens les prendre, " (BARTHÉL. Anach. Introd. II, 2)

Fig.

Enfin cette beauté m'a la place rendue, Que d'un siége si long elle avait défendue (MALH. V, 4)

Fig. Rendre les armes, s'avouer vaincu dans une contestation, dans une discussion.

Rendre les armes signifie aussi s'avouer charmé.

À prudence endormie il faut rendre les armes (MOL. Fem. sav. III, 2)

Rendre la main, céder le tour, céder la place.

Ont-ils la main, ils dansent, ils se font danser les uns les autres, ils dansent encore, ils dansent toujours, ils ne rendent la main à personne de l'assemblée (LA BRUY. XVI)

21. Terme de manége. Rendre la bride à son cheval, la tenir moins haute, moins ferme.

Serrer les genoux, appuyer des éperons, rendre la bride (VOLT. Bl. et noir.)

Rendre la main, lâcher un peu la bride.

22. À certains jeux, donner à l'adversaire un avantage. Aux échecs, rendre un pion, un fou, un cavalier, se priver soi-même d'un pion, d'un fou, d'un cavalier.

Si je me suis laissé battre, c'est par pure courtoisie, et je vous rendrai la tour au lieu du fou tant qu'il vous plaira (CH. DE BERN. le Gentilh. camp. II, § 13)

Rendre des points dans les jeux où l'on compte par points comme les dominos, le billard, etc.

Fig. Rendre des points, être plus fort, se croire plus fort que l'adversaire.

En toutes choses, je suis homme à lui rendre des points (CH. DE BERN. les Ailes d'Icare, § 1)

23. Représenter, exprimer.

Est-ce une marque de supposition ou de nouveauté, que la langue de l'Écriture soit si ancienne, qu'on en ait perdu les délicatesses, et qu'on se trouve empêché à en rendre toute l'élégance ou toute la force dans la dernière rigueur ? (BOSSUET Hist. II, 13)

Pourvu qu'on forme un tout qui rende parfaitement l'original (HAMILT. Gramm. 1)

Aucune expression n'y peut atteindre ; vous n'êtes fidèlement rendue que dans mon coeur (MARIV. l'Heur. stratag. I, 12)

Ces nuances-là étaient délicates à saisir ; je ne sais si je les ai bien exprimées, mais je sais qu'il sera difficile à une actrice de les rendre (VOLT. Lett. d'Argental, 14 déc. 1751)

Le livre [le conte du Tonneau de Swift] est très mal traduit en français ; il n'était pas possible de rendre le comique dont il est assaisonné (VOLT. Mél. litt. Lett. à M. le prince de ***, 5)

C'est la même idée, mais elle est grossièrement rendue dans Garnier, et admirablement dans Corneille ; l'expression fait la poésie (VOLT. Comm. Corn. Rem. Pomp. V, 1)

Thymèle, du temps de Domitien, fut à Rome ce que la fameuse Empuse avait été dans la Grèce ; il n'y avait point d'action théâtrale qu'elle ne rendît avec la force, la vivacité et l'énergie dont elle était susceptible (CAHUSAC Dans. anc. et mod. I, III, 3)

Pour rendre ces sortes d'effets, il faut un pinceau et non pas des paroles (BUFF. Ois. t. V, p. 436)

Nous remarquerons que penser et bien rendre ce qu'on pense sont deux choses bien différentes (CONDIL. Gramm. I, 9)

Voilà ce que le papier ne peut jamais rendre ; voilà où le geste triomphe du discours ! (DIDER. Lett. sur les sourds et muets)

On rend avec netteté ce que l'on conçoit bien (D'ALEMB. Oeuv. t. I, p. 147)

Les mots arrivent plus aisément pour rendre une émotion vive qu'une idée claire (D'ALEMB. ib. t. III, p. 239)

Si le traducteur ne rend pas ce style et ce goût, il n'a rien rendu ; il a anéanti son auteur en croyant le faire revivre (D'ALEMB. Éloges, Saci.)

L'objet des arts est infini en lui-même : il n'est borné que par leurs moyens ; le modèle universel, la nature, est présent à tous les artistes ; mais le peintre, qui n'a que les couleurs, ne peut en imiter que ce qui tombe sous le sens de la vue ; le pinceau de Vernet ne rendra jamais dans une tempête le cri des matelots et le bruit des cordages (MARMONTEL Oeuv. t. IX, p. 410)

Absolument.

Bien écrire, c'est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre (BUFF. Disc. de récept.)

24. Traduire. Rendre un passage mot à mot.

Je suis bien éloigné de désapprouver qu'après avoir fait expliquer du latin pendant un certain temps et après avoir fait observer sur ce latin les principales règles de la syntaxe, on fasse rendre du français en latin, soit de vive voix, soit par écrit (DUMARS. Oeuv. t. I, p. 213)

25. Répéter. L'écho rend les sons.

Chavigni en parla à Monsieur en ces propres termes en présence de Madame, qui me les rendit le lendemain (RETZ Mém. t. III, liv. IV, p. 192, dans POUGENS)

Je vous rendrais vos paroles, et ma lettre ne serait que l'écho de la vôtre, parce que je suis assez heureuse pour penser comme vous dans cette occasion (SÉV. à Moulceau, 6 janv. 1687)

J'ai parlé à d'Alembert comme un ange ; je vous rendrai cette conversation au Grandval (DIDER. Lett. à Mlle Voland, 9 oct. 1759)

26. Rendre témoignage, certifier, témoigner.

Merci, que le prince de Condé et le vigilant Turenne n'ont jamais surpris dans un mouvement irrégulier, et à qui ils ont rendu ce grand témoignage, que jamais il n'avait perdu un seul moment favorable (BOSSUET Louis de Bourbon.)

Ces hommes auparavant si timides.... rendent hardiment témoignage devant les princes des prêtres assemblés à la résurrection de Jésus-Christ (MASS. Confér. Zèle contre les scand.)

27. Rendre un arrêt, une sentence, prononcer un arrêt, une sentence.

Ce fut le 9 mars 1765 que fut rendu cet arrêt authentique qui justifia les Calas, et qui changea leur destinée (VOLT. Comm. Oeuv. aut. Henr.)

Rendre des oracles, prononcer des oracles.

L'arche sainte est muette, et ne rend plus d'oracles (RAC. Athal. I, 1)

On a cru dans les premiers siècles du christianisme, que les oracles étaient rendus par des démons (FONTEN. Oracles, I, 4)

Rendre la justice, administrer la justice.

Affligea-t-il les malheureux, et leur fit-il acheter, par quelque dureté, la justice qu'il leur a rendue ? (FLÉCH. Lamoignon.)

[Ces juges] qui, fiers de leur pouvoir, et même de leur vertu, redoutables indifféremment aux innocents et aux coupables, font croire qu'ils ne rendent la justice aux uns qu'à regret, et aux autres qu'avec colère (FLÉCH. ib.)

L'Écriture, après avoir représenté le courage de David dans ses combats.... ajoute incontinent, comme la perfection de son règne, qu'il rendait justice et jugement à son peuple (FLÉCH. le Tellier.)

Le devoir des juges est de rendre la justice, leur métier est de la différer (LA BRUY. XIV)

Rendre justice à quelqu'un, reconnaître son mérite, ses droits.

Si vous doutiez de ma sincère et parfaite joie, je douterais de la vôtre : ne nous offensons point, rendons-nous justice l'une à l'autre (SÉV. 26 août 1685)

Phèdre au fond de son coeur me rend plus de justice (RAC. Phèdre, IV, 2)

Un brave chevalier peut être d'un parti différent d'un autre brave chevalier ; mais tous deux doivent se rendre justice (VOLT. Lett. Richelieu, 20 mai 1771)

On dit dans un sens analogue : C'est une justice à lui rendre. Il faut lui rendre cette justice.

Avec cette locution on ne peut représenter justice par un pronom et dire par exemple : Vous lui avez rendu justice ; et il méritait que vous la lui rendissiez. Il faudrait prendre une autre tournure. Cependant cette règle, exacte en soi, n'est pas toujours observée, surtout si le sens ne reçoit aucun dommage.

On ne lui avait pas assez rendu justice [à Mme du Châtelet] ; car, mon cher ami, à qui la rend-on ? il faut être mort, pour que les hommes disent enfin de nous un peu de bien, qui est très inutile à notre cendre (VOLT. Lett. d'Aigueberre, 26 oct. 1749)

Aux sentiments de qui rendriez-vous justice, si vous ne la rendiez pas aux miens ? (D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 9 mars 1770)

28. Rendre ses comptes, rendre compte, soumettre à qui de droit les résultats d'une gestion. La Némésis des païens fait des avances et du crédit [à la jeunesse] ; elle agrée que les comptes soient rendus sans compensation ; mais elle se dédommage sur la vieillesse, Anal. de Bayle, t. III, p. 299.

Il [Périclès] songeait à les rendre [ses comptes], lorsque Alcibiade dit qu'il ferait mieux de songer à ne les rendre pas ; et cette plaisanterie fut un conseil qu'il suivit (CONDIL. Hist. anc. II, 5)

Rendre compte d'une chose, en donner le détail. Rendre compte d'un événement. Rendre compte de sa gestion.

Quand je dis qu'il n'est point besoin de rendre compte de ce que font les acteurs pendant qu'ils n'occupent point la scène, je n'entends pas dire qu'il ne soit quelquefois fort à propos de le rendre, mais seulement qu'on n'y est pas obligé (CORN. 3e disc.)

Bien faire et bien rendre compte de tout, c'est la perfection ; mal faire et mal rendre compte, c'est l'abîme ; mais d'un homme qui ne rendrait pas bon compte ou d'un autre qui ferait mal et qui rendrait bon compte, celui-ci se sauverait plutôt que l'autre (Lett. etc. de Colbert, III, 2, p. 174)

Rendre compte, être responsable de.

Si nous contemplons le terme où elle [la vie] aboutit et le compte qu'il en faut rendre (BOSSUET Duch. d'Orl.)

J'ai paru devant les Romains, citoyen au milieu de mes concitoyens, et j'ai osé leur dire : Je suis prêt à rendre compte de tout le sang que j'ai versé pour la république (MONTESQ. Sylla et Eucrate.)

Avec inversion et familièrement.

Elle [Thérèse] est sa maîtresse absolue, va, vient, sans compte rendre (J. J. ROUSS. à Mme d'Épinay, 13 déc. 1766)

Rendre compte de quelqu'un, veiller sur sa conduite.

Puis je rendrai de vous un très bon compte à l'avenir, et vous jure ma foi Que nuit et jour vous serez près de moi (LA FONT. Gag.)

Se rendre compte à soi-même de quelque chose, y réfléchir et s'en faire une notion claire.

Dirai-je.... qu'il se rendait compte à lui-même de tous les jugements qu'il avait rendus, et repassait de temps en temps toutes les années de sa vie ?... (FLÉCH. Lamoignon.)

Populairement et fig. Rendre ses comptes, mourir.

Rendre raison d'une chose, en expliquer la cause. Rendre raison de différents phénomènes naturels.

Rendre raison à quelqu'un, se battre en duel avec lui pour réparation d'une offense.

29. V. n Aboutir.

Alors, ouvrant une porte secrète qui rendait dans le temple, ils l'assommèrent à coups de pierres lui et ceux qui l'accompagnaient (SACI Bible, Machab. II, 1, 1)

Le petit degré qui rend à votre garde-robe (HAUTEROCHE Cocher supp. SC. 3)

Elle s'attache à l'orteil dès le soir Un brin de fil qui rendait à la porte De la maison.... (LA FONT. Gag.)

Il faut vous dire que je logeais dans une aile du château assez retirée, et qui, par un escalier dérobé, rendait dans le jardin, d'où l'on pouvait venir à ma chambre (MARIV. Marianne, 9e part.)

30. Cette raquette rend bien, rend mal, elle est bien tendue, mal tendue.

31. Terme de marine. Un cordage rend, donne ou adonne, quand il s'allonge sous l'effort qu'il subit.

32. Se rendre, v. réfl. Être rendu, donné en retour.

Le mal se rend chez vous au centuple du bien (LA FONT. Fabl. VIII, 3)

33. Se rendre à quelque chose, reprendre quelque chose.

Et cette âme innocente, Qui brave impunément la fortune impuissante, Regarde avec dédain ce qu'elle a combattu, Et se rend tout entière à toute sa vertu (CORN. Oed. V, 9)

Je me rends à toute l'espérance que j'avais, et je suis persuadée que vous viendrez, comme vous me l'avez promis (SÉV. 18 nov. 1676)

Je me rends tout entier à ma grandeur suprême (VOLT. Orph. de la Chine, III, 4)

Se rendre à son devoir, se réformer, céder à l'empire de la raison.

34. Aller, se transporter. Se rendre aux ordres d'un chef, d'un supérieur.

Dans deux heures Pompée en ce lieu doit se rendre (CORN. Sertor. I, 2)

J'entre un moment pour calmer son chagrin, Et me rendrai chez vous à l'heure du festin (CORN. Sertor. IV, 3)

Une jeune ingénue en ce lieu se vint rendre, Et goûter la fraîcheur sur ces bords toujours verts (LA FONT. Scamandre.)

Où va donc se rendre cette multitude infinie de créatures qui disparaissent tous les jours à nos yeux ? (MASS. Carême, Élus.)

La veille de mon départ, nous soupâmes chez Platon ; je m'y rendis avec Apollodore et Philotas (BARTHÉL. Anach. ch. 23)

Par formule de politesse. Je me rends à vos ordres.

Se rendre à son devoir, se rendre au lieu où le devoir appelle.

35. Aboutir. Le sang se rend au coeur.

Où se rend ce chemin-là ? Cette rivière allait se rendre dans le grand port (ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 650, dans POUGENS)

36. Devenir, se faire tel.

Aux dépens de Néarque il doit se rendre sage (CORN. Poly. III, 3)

S'il se rendait d'une humeur trop sévère (CORN. Théod. I, 1)

Le Seigneur s'est rendu le refuge du pauvre (SACI Bible, Psaum. IX, 10)

Ce chétif animal [grenouille] Qui voulut en grosseur au boeuf se rendre égal (LA FONT. Fabl. V, 1)

Vers le Levant, le Vieil de la Montagne Se rendit craint par un moyen nouveau (LA FONT. Fér.)

Il se rend complaisant à tout ce qu'elle dit (MOL. Tart. III, 1)

Plusieurs, dans la crainte d'être trop faciles, se rendent inflexibles à la raison (BOSSUET Duch. d'Orl.)

Les inventions par lesquelles ils [les orgueilleux] s'imaginent forcer la nature, et se rendre différents des autres, malgré l'égalité qu'elle a ordonnée (BOSSUET Gornay)

[Dans le protestantisme] Chacun s'est fait à soi-même un tribunal où il s'est rendu l'arbitre de sa croyance (ID. Reine d'Anglet.)

Ils [les peuples] ont dans le fond du coeur je ne sais quoi qui s'échappe.... et on ne leur laisse plus rien à ménager, quand on leur permet de se rendre maîtres de leur religion (BOSSUET ib.)

On se rend complice des injustes entreprises d'un grand, ou compagnon de ses débauches (BOURDAL. Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 273)

Au fond de leur palais leur majesté terrible [des rois de Perse] Affecte à leurs sujets de se rendre invisible (RAC. Esth. I, 3)

C'est nous le plus souvent qui nous rendons tendres, pour orner nos passions ; mais c'est la nature qui nous rend amoureux (MARIV. Pays. parv. part. 5)

Je défierais qu'on imaginât une personne plus chétive que je me suis rendue (MARIV. Marianne, 6e part.)

Se rendre catholique, se rendre ermite, se faire catholique, se faire ermite.

Ici la loi pardonne à qui se rend chrétien (VOLT. Alz. V, 5)

Rends-toi chrétien comme elle ; accorde-moi ce prix De ses jours et des tiens, et du sang de mon fils (VOLT. ib.)

Terme de jurisprudence. Se rendre partie contre quelqu'un, se déclarer partie contre lui.Céder, se soumettre.

Dès le premier essai mon courage se rend (RÉGNIER Sat. I)

Cette haute vertu qui règne dans votre âme, Se rend-elle si tôt à cette lâche flamme ? (CORN. Cid, II, 5)

Vous ne vous rendez pas à la surprenante merveille de cette statue mouvante et parlante ? (MOL. Festin, V, 2)

Ah, monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir (MOL. ib. V, 5)

Tout le monde s'est rendu à son jugement (PASC. Prov. XVII)

Vous seriez bien difficile, si vous ne vous rendiez à de si bonnes raisons (SÉV. 558)

Ceux qui auraient été assez insensibles pour ne pas se rendre aux paroles du P. Bourgoing, auraient été forcés de se rendre à la force toute-puissante de ses exemples (BOSSUET Bourgoing)

Je me rends, monsieur, à vos remarques (BOSSUET Lett. 157)

Ces lâches combattants qui se sont rendus aux moindres assauts (BOURDAL. Pensées, t. III, p. 105)

Le maréchal de Villars a tant fait de représentations pour n'aller pas en Italie, que le roi s'y est rendu (MAINTENON Lett. à Mme des Ursins, 4 juill. 1706)

Il est impossible qu'on ne se rende pas à cette vérité quand on la sent (VOLT. Ingénu, 8)

Je me rends avec plus de docilité que personne aux bonnes critiques ; mais les mauvaises ne m'épouvantent pas (VOLT. Lett. d'Argental, 13 juill. 1751)

Se rendre sur une chose, céder sur une chose.

Une femme coquette ne se rend point sur la passion de plaire et sur l'opinion qu'elle a de sa beauté (LA BRUY. III)

L'on ne se rend point sur le désir de posséder et de s'agrandir (LA BRUY. ib.)

Absolument.

Je me rends, dit-elle, Psyché ; oubliez le mal que je vous ai fait (LA FONT. Psyché, II, p. 212)

Dorante : Il n'y a plus rien à dire, je me rends. - Climène : Rendez-vous ou ne vous rendez pas, je sais fort bien que vous ne me persuaderez pas de.... (MOL. Critique, 7)

Quoi ! vous ne vous rendez pas encore, et vous vous défendez d'être médecin ! (MOL. Méd. m. lui, I, 6)

....Souple à la raison, corrigez sans murmure ; Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend (BOILEAU Art p. IV)

J'ai promis à Burrhus ; il a fallu me rendre (RAC. Brit. IV, 4)

Quand même, dit saint Chrysostome, tout le monde vous appellerait [à une dignité].... examinez les qualités de votre âme, et ne vous rendez point, si vous vous trouvez indigne de cet honneur (MASS. Confér. Vocation, 1)

Quelquefois les institutions les plus salutaires sont mal reçues, parce qu'elles ne viennent pas dans un temps favorable ; mais bientôt les bons esprits se rendent (VOLT. Lett. Rochefort, 27 mars 1771)

Il ne se rend jamais, c'est un opiniâtre qui ne cède jamais.

38. Il se dit de l'amour qui obtient la victoire.

La plupart des femmes se rendent plutôt par faiblesse que par passion (LA ROCHEFOUC. Pens. 104)

Ainsi mon coeur, Frosine, un peu trop faible, hélas ! Se rendit à des soins qu'on ne lui rendait pas (MOL. Dép. am. II, 1)

Je ne viens point ici par de jalouses larmes Vous envier un coeur qui se rend à vos charmes (RAC. Andr. III, 4)

Jeunes coeurs qui cherchez à vous rendre, N'aimez pas tant : Un amour trop tendre N'est jamais content (QUIN. Phaét. V, 4)

On dit bien que des femmes se sont rendues à des dieux déguisés en hommes, et quelquefois en bêtes ; à plus forte raison devra-t-on se rendre à des hommes déguisés en dieux (FONTEN. Dial. 2, Morts anc.)

39. Il se dit, dans la guerre, des villes qui se soumettent, des troupes, des individus qui capitulent ou deviennent prisonniers.

....Voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats, Et que seuls désormais en vain ils se défendent, Ils demandent le chef : je me nomme, ils se rendent (CORN. Cid, IV, 3)

Joachin, roi de Juda, sortit de Jérusalem, et vint se rendre au roi de Babylone avec sa mère, ses serviteurs, ses princes et ses eunuques (SACI Bible, Rois, IV, 24, 12)

Un des gardes du prince d'Orange qui s'est venu rendre (PELLISSON Lett. hist. t. III, p. 56)

Le roi n'est plus occupé qu'à recevoir les députés des villes qui se rendent (SÉV. 150)

Je me rends prisonnier, et demeure en otage (VOLT. Zaïre, I, 4)

Cette île de Minorque s'appelait autrefois l'île de Vénus ; il est juste que ce soit à M. de Richelieu qu'elle se rende (VOLT. Lett. Mme du Deffant, 5 mai 1756)

Avant ce jour [Pultava], seize mille soldats du roi Charles eussent attaqué toutes les forces de l'empire moscovite, et eussent péri jusqu'au dernier plutôt que de se rendre (VOLT. Charles XII, 4)

Pondichéry, livré aux horreurs de la famine, fut obligé de se rendre le 15 janvier 1761 (RAYNAL Hist. phil. IV, 23)

Avec ellipse du pronom personnel.

Les femmes de ceux qui s'y étaient retirés, ayant été prises dans la ville, ont beaucoup contribué, comme on croit, à la faire rendre (PELLISSON Lett. hist. t. II, p. 135)

40. Se rendre, n'en pouvoir plus. Je ne peux plus marcher, je me rends.

Qui mange et qui boit mieux que Dracon en un seul repas ? il enivre toute une compagnie et se rend le dernier (LA BRUY. III)

Ce cheval se rend, il est outré à force de fatigue, ou bien, il finit par obéir.

Terme de chasse. Une bête se rend lorsqu'elle commence à être mal menée et à paraître sur ses fins.

41. Être prononcé.

Les sentences criminelles se rendent dans la place publique par les syndics, avec beaucoup d'appareil (D'ALEMB. Gouv. de Genève.)

42. Être traduit. Cela se rend en latin ainsi.

PROVERBES

Ce qui est bon à prendre est bon à rendre.

Amis au prêter, ennemis au rendre.

Il faut rendre à César ce qui appartient à César, c'est-à-dire à chacun ce qui lui est dû.

SYNONYME

RENDRE, RESTITUER. Rendre est plus général : on rend quand on remet à qui de droit ce qui a été pris, prêté ou donné. Restituer est plus particulier : on restitue quand on remet ce qu'on a pris, volé, ou ce qu'on gardait par quelque raison que ce fût : Je vous restitue ce livre qu'on m'avait confié, sans me dire qu'il fût à vous.

HISTORIQUE

XIe s.[Que il] rendist ceo que il i avereit pris (Lois de Guill. 1)Franc e paien merveilus colps i rendent (Ch. de Rol. CVII)Malvais service le jur [ce jour] li rendit Guenes (ib. CVIII)Tant il le guardent que le rendent à Charlun (ib. CXXXV)À Rolant [ils] rendent un estur fort e pesme (ib. CLV)La meie mort me rent si anguissus (ib. CLX)Rendre [il] le quidet u mort u recreant (ib. CXCIII)Pais ne amor [je] ne dei à paien rendre (ib. CCLXI)Et Bramidone les turs li ad rendues (ib. CCLXVIII)Bien [il] set parler e dreite raisun rendre (ib. CCLXXV)

XIIe s.Et tuit [tous] li rendirent treü [tribut] (Machab. I, 1)Dame, pour ce qu'à vous [je] me rent, merci (Couci, IV)À la plus bele du mont [monde] mon cuer [je] rent (ib. IX)Mais je ne puis moi ne mon cuer defendre De plus amer, qu' [car] amours ne me veut rendre (ib. XXI)Cil qui premiers la trueve [dame Helissant], à Guiteclin la rant [remet] (Sax. XII)Malemant [il] nos vuet randre [récompenser pour] les granz bones honors, Que li soliens [nous soulions] vaincre par tot les granz estors [combats] (ib. XXVII)Li reis li a mandé qu'il seit prez l'endemain De respundre e de rendre sun acunte [rendre ses comptes] tut plain (Th. le mart. 33)Or veit [voit] bien sainz Thomas sun martire en present, Ses mains juint à ses oilz, à damne Deu se rent (ib. 149)

XIIIe s.Il nous dira la verité, Et si ne faudra ochaisons [occasion] De nous rendre le droit respons [réponse], Romanc. le Comte de Bretagne, p. 162. .... Qui pou emprunte pou rent (Ren. 27805)Se la raison que li parleres rent est fause (BRUN. LATINI Trésor, p. 561)Se li parleres rent foible raison de son dit (BRUN. LATINI ib.)Ensi fu la ville rendue en la merci le duc de Venise, sauves leur vies (VILLEH. XLIX.)Et puis [il] se rendi moine dedans une abeïe (Berte, II)Comme sage et courtoise, [à] chacun son salut [elle] rent (ib. IX)[Que Dieu] Doint qu'encor leur en soit li guerredons rendus (ib. XXIV)[Dieu] Qui vous rende les biens que vous fais nous avez (ib. CXXXII)Ne moine ne abbé, ordené ne rendu [entré dans une abbaye] (ib. CXXXVII)Moult fu grans li assaus que li escuier rendirent au castiel en celui jour (H. DE VALENC. XXXIV)Que li baron en rengent [rendent] [de la terre] à l'emperour son droit (H. DE VALENC. XIII)Jhesus Criz, à qui li Jui rendirent mal pour bien, et pour amour haine (Psautier, f° 136)Et s'il waugoit [avait des nausées] ou rendoit par le [la] bouche (ALEBRANT f° 30)Si i avoit trestout à taille De riches pierres grant plenté, Qui moult rendoient grant clarté (la Rose, 1074)Et [Papelardie] fu de simple contenance ; Et si fu chaucie et vestue Tout ainsinc cum fame rendue [nonne] (ib. 422)Or vous levés un poi, soiés à genellon, Et si rendés vos coulpes, par grant affliction, Des peciés qu'avés fais par vo grant mesprison (Ch. d'Ant. I, 856)Or est à savoir se Jehans vent à Pierre en le [la] vile de Creeil dix muis de blé rendus à Clermont à certain jor (BEAUMANOIR XXVI, 3)Et, en regardant vers le ciel, rendi à nostre createur son esperit, en celle hore meismes que li filz Dieu morut en la croix (JOINV. 303)

XIVe s.Aucuns jettent leurs armeures, ou se rendent, ou font aucunes autres choses laidement (ORESME Eth. 99)Et ce dit-on : ou rendre ou pendre (Hist. des trois Maries, p. 267, dans LACURNE)Ch'est mierveille qu'il [deux chevaliers aux prises] ne s'estonnent Des grans coz qu'en peu d'eure donnent.... Cors efforchent et bras estendent, Che qu'il enpruntent, tantost rendent (J. DE CONDÉ t. II, p. 21)

XVe s.L'assaut fut moult grant et très fier.... aussi les chevaliers et escuyers qui estoient dedans rendoient grand entente de eux defendre, et bien le convenoit (FROISS. I, I, 103)Icellui Mangier fut esprouvé et rendu malade de lepre (DU CANGE reddere.)Et près d'eulx jouoient plusieurs bas instrumens qui rendoient de grandes melodies (J. DE TROYES Chron. 1461)Des fusées qui rendent ung peu de flambe (COMM. I, 5)Il m'est avis que desormais vous vous rendez [ne voulez plus manger] (Rec. de farces, p. 318)Quant le Daulphin veit que par son espée il ne le pourroit conquerre, il la rendit dedans le fourreau, et puis se lance au Badran, et le prent à bras (Perceforest, t. I, f° 139)

XVIe s.L'affaire ne sut estre menée si secretement, que quelque valet ne le vit entrer là-dedans un jour de jeune, et le rendist [rapportât] au lieu où il ne fut celé à personne (MARG. Nouv. XXI)J'ay estudié à rendre fidelement ce que l'autheur a voulu dire (AMYOT Épit.)Chascune de ces parts pouvoit rendre à son maistre par chascun an soixante et dix minots d'orge (AMYOT Lyc. 12)Il ne defendoit de combats à ses citoyens, si non ceulx ès quelz on tend la main, c'est à dire où l'on se rend (AMYOT ib. 40)Les premieres filles qui furent rendues et vouées à cette religion [vestales] par Numa furent Gegania et Verenia (AMYOT Numa, 17)Ces armes rendoient un son qui donnoit quelque frayeur à l'ouir (AMYOT P. Aem. 56)Artemidorus promit à Lucullus, s'il le vouloit croire et suivre, qu'il le rendroit en un lieu fort et seur pour y loger son camp (AMYOT Lucul. 28)Sur la place à laquelle se rendent et aboutissent tous les grands chemins de l'Italie (AMYOT Galba, 30)Puis [Gargantua s'éveillant].... rendoit sa gorge [expectorait], baisloit, crachoit, toussoit.... (RAB. I, 3)Rendre son païs entre les mains d'un tyran (MONT. I, 4)Rendre une place (MONT. I, 54)Rendre [accomplir] les voeux [qu'on a voués] (MONT. I, 19)Il jecta dans ce qu'elle rendit [vomit] une espingle tortue (MONT. I, 100)Rendre tesmoignage d'une chose (MONT. I, 103)Se rendre à la verité (MONT. I, 167)Se rendre à la raison (MONT. II, 70)Rendre la gorge [vomir] (MONT. I, 184)Rendre l'ame (MONT. I, 243)Ce pacquet lui ayant esté rendu pendant son souper.... (MONT. II, 43)Mon pourpoint estoit taché du sang que j'avois rendu (MONT. II, 54)Les assiegeans gagnerent le fond des fossez par mines qu'ils rendirent [poussèrent] jusques dessous le rempart (D'AUB. Hist. I, 27)Cette grande armée ne rendit combat qui vaille (D'AUB. ib. II, 317)Si la sangsue est maniée à main nue, elle se rend desdaigneuse et despiteuse, et ne veut pas mordre (PARÉ XV, 69)Qui a appris à prendre, sçait tard que c'est de rendre (COTGRAVE)Le rendre fait mal à la gorge (LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 331)Qui prent doibt rendre, ou l'enfer attendre (LEROUX DE LINCY ib. p. 403)Je blasme vostre inconsideration [de Henri IV] à vous jeter aux perils sans besoin ; cela seroit supportable à un jeune homme qui n'auroit jamais rendu preuve de son courage (SULLY Mém. t. IV, p. 159)

ÉTYMOLOGIE

Wallon, reind ; provenç. rendre, reddre, redre, retre ; catal. et espagn. rendir ; ital. rendere, du lat. reddere (par intercalation de la nasale n devant d), de re...., et dare, donner. On remarquera que quelques formes romanes n'ont pas intercalé l'n. D'après M. Baudry, dans reddere il y a deux racines confondues par homonymie : dare, radical da ( a avec un accent long), quand reddere signifie redonner ; et le radical dha ( a avec un accent long), poser, faire, quand reddere signifie faire ou faire devenir. Corssen aussi (Beitr. p. 117) reconnaît le radical dha(a long) dans con-dere, ab-dere.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RENDRE. Ajoutez :

43. S. m. Le rendre, l'action de rendre.

L'un est diverti par une vilaine honte qu'il a que le rendre ne lui soit une confession d'avoir reçu (MALH. Lexique, éd. L. Lalanne.)

 

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